Zones désenglacées : un nouvel espace naturel à protéger

Les zones désenglacées apparaissent lorsque les glaciers se retirent en raison de leur fonte progressive, laissant place à de nouveaux écosystèmes. Le projet Ice&Life a pour mission d'étudier et de protéger ces nouveaux espaces naturels que ce soit en France mais également dans le monde entier.

Glacier
Une multitude de glaciers fondent dans le monde entier, laissant place à de nouveaux écosystèmes dont l'étude et la protection est primordiale

Avec la fonte progressive des glaciers en France et dans le monde, de nouveaux écosystèmes apparaissent. Le projet Ice&Life a pour but de les étudier mais également de sensibiliser le public à ces enjeux tout comme proposer des actions concrètes pour les protéger.

De nouveaux écosystèmes sur ces zones désenglacées

Une zone désenglacée désigne les surfaces desquelles les glaciers se sont retirés, conséquence notamment du réchauffement climatique d'origine anthropique. Cette glace laisse place à de nouveaux écosystèmes qui représentent encore de grandes inconnues pour la communauté scientifique.

En 1850 et 2022, la surface des glaciers alpins est en effet passée de 620km² à 210km², une diminution très importante qui est de plus en plus visible ces dernières années. C'est par exemple le cas dans la réserve naturelle la plus haute de France, celle de Contamines-Montjoie dans les Alpes, qui s'étend des berges d'un torrent à 1100m d'altitude jusqu'au sommet de l'Aiguille de la Tré-la-Tête à plus de 3800m.

Cette réserve possède plusieurs glaciers et s'étend sur quelques 22 000 Ha tout en étant gérée par le Conservatoire des Espaces Naturels de la Haute-Savoie (CEN 74). Avec l'évolution rapide de la région ces dernières années et notamment le recul des glaciers, cet organisme s'est allié avec le WWF et la Mirova Foundation pour porter un projet inédit, nommé "Ice&Life", dont le but est de « protéger les glaciers et les zones désenglacées d'aujourd'hui et de demain ».

En effet, les scientifiques ont découvert que la nature vierge laissée derrière les glaciers se retirant peu à peu entraînait l'apparition d'une multitude d'écosystèmes différents qu'il était important de protéger le plus rapidement et le plus efficacement possible. Des forêts d'épicéas comme celle du massif du Mont-Blanc aux zones humides et au lac ou encore des pelouses d'altitudes, nombreux sont les exemples de ces écosystèmes apparaissant et s'épanouissant sur les zones désenglacées depuis plusieurs décennies.

Mont Blanc
Les zones désenglacées du Mont-Blanc laissent place à des forêts d'épicéas, forêts qui s'étendent de plus en plus alors que les glaciers se retirent progressivement

Le même constat est d'ailleurs visible à l'échelle mondiale où les glaciers reculent inexorablement depuis le siècle dernier. D'après une étude menée par des scientifiques français, le déclin de l'ensemble des glaciers sur Terre d'ici 2100 (hors calottes polaires) pourrait produire de nouveaux écosystèmes sur une zone allant de la taille du Népal (149 000km²) à celle de la Finlande (339 000km²) !

Les glaciers sont importants, mais les zones désenglacées le sont tout autant

Cette nouvelle approche dans l'étude et la protection des zones désenglacées ne veut toutefois pas dire que les scientifiques ont perdu tout espoir de protection des glaciers. Les glaciers jouent en effet un rôle très important depuis l'apparition de l'Homme sur Terre. Ceux-ci sont une source d'eau douce primordiale pour l'Homme et la nature, tout comme ils régulent le climat mondial. Une Terre sans glacier induirait un environnement beaucoup plus chaud mais également un bouleversement du climat et de la géographie sur Terre (notamment en raison de l'élévation du niveau des mers).

Les glaciers hébergent également des espèces endémiques qui se sont exclusivement adaptées à ce type d'environnement et qu'il est important de protéger. Par exemple le renard arctique qui arbore une toison blanche pour se fondre dans le décor et ainsi surprendre ses proies ou le lièvre arctique qui bénéficie lui d'un changement de fourrure pour se camoufler dans la neige et la glace afin d'échapper à ses prédateurs.

Toutefois, si l'importance écologique des glaciers est aujourd'hui bien connue, les scientifiques ont encore beaucoup à découvrir au niveau des apports des surfaces désenglacées. Certains paramètres bénéfiques sont néanmoins déjà connus, comme le fait que les nouvelles forêts se développant dans ces zones apportent de nouveaux moyens de piéger le CO2 atmosphérique ou encore que les sols de ces nouveaux écosystèmes stockent de grandes quantités d'eau.

Ces nouveaux milieux voient également s'épanouir des espèces de plantes et d'animaux qui n'avaient encore jamais été observées dans ces régions jusqu'alors comme le montrent les premières données recueillies par le projet Ice&Life.

A travers le monde, ce sont 210 000 glaciers couvrant 665 00km² qui sont aujourd'hui affectés par le changement climatique mais moins de la moitié d'entre eux sont situés dans des zones protégées. Le projet Ice&Life a donc pour but d'étendre ces zones de protections, ce qui aura de multiples bénéfices : protéger ces écosystèmes de plus en plus vulnérables mais aussi étudier, comprendre et anticiper ceux qui leur succéderont dans un futur plus ou moins proche dans une volonté d'adaptation à ces changement de plus en plus visibles dans le monde entier.

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