Vagues de chaleur : pourquoi deviennent-elles si fréquentes et meurtrières ?
Des analyses ont montré que les vagues de chaleur actuelles sont de 1 à 3 degrés Celsius plus chaudes qu'à l'ère préindustrielle. Cette augmentation rend chaque épisode de chaleur extrême plus mortel et difficile à gérer. Découvrez pourquoi.
La planète brûle, littéralement. Ces dernières semaines, des records de chaleur ont été battus sur les cinq continents, avec des températures atteignant des niveaux inimaginables il y a encore quelques décennies. Comment en sommes-nous arrivés là ?
Signal d'alarme
En seulement une semaine (15 au 21 juin dernier), plus de 1400 records de température ont été enregistrés à travers le globe.
Des dizaines de corps ont été retrouvés à Delhi, victimes d'une chaleur insupportable qui persistait même la nuit. En Grèce, des touristes ont péri sous la canicule. En Arabie saoudite, des centaines de pèlerins ont succombé avant d'atteindre les lieux saints de l'Islam, frappés par des températures avoisinant les 52°C.
Malheureusement, ces épisodes ne sont plus des anomalies, ils deviennent la norme.
Comprendre le phénomène
Pourquoi ces vagues de chaleur deviennent-elles si fréquentes et si intenses ? La réponse est toute simple mais terrifiante : les gaz à effet de serre (GES).
Il est essentiel de comprendre que chaque vague de chaleur meurtrière que nous vivons aujourd'hui est le résultat direct de l'augmentation des températures due aux activités anthropiques. Depuis le début de l'ère industrielle, l'utilisation abusive de combustibles fossiles a augmenté la température moyenne mondiale de 1,2°C. Cette augmentation, bien que paraissant minime, a des effets dévastateurs.
D'après les scientifiques, nous avons actuellement les concentrations de GES, notamment le dioxyde de carbone (CO2), les plus élevées des 3 millions dernières années.
Selon les données de Climate Central, environ 6,5 milliards de personnes ont ressenti une chaleur qui était deux fois plus probable à cause des émissions humaines. Près de la moitié de cette population a vécu des conditions de chaleur « exceptionnelles », impossibles sans le réchauffement climatique.
Prévisions
Les prévisions pour 2024 ne sont guère rassurantes. Bien que certains scientifiques aient espéré un répit avec la fin du phénomène El Niño, qui contribue généralement à des températures globales élevées, les données actuelles indiquent que la tendance au réchauffement continue de se renforcer.
À titre d'exemple, le mois de juin est sur le point de devenir le 13ème mois consécutif avec une température globale moyenne record, et juillet pourrait battre des records de chaleur datant de plus de 100 000 ans.
L'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) prévoit que les températures continueront d'augmenter, pouvant atteindre ou dépasser 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels d'ici la fin de l'année. Les scientifiques soulignent que pour chaque tonne de CO2 émise, la probabilité et la sévérité des vagues de chaleur augmentent.
Action urgente
Les vagues de chaleur ne sont pas seulement désagréables ; elles ont des conséquences réelles et tragiques. Des millions de personnes à travers le monde souffrent des effets directs de ces températures extrêmes. Les infrastructures énergétiques, comme les réseaux électriques, sont mises à rude épreuve par la demande accrue en climatisation, comme cela s'est produit en Albanie et au Koweït.
De plus, les populations les plus vulnérables sont les plus touchées. Les résidents à faible revenu sont les premiers à souffrir et à mourir de ces vagues de chaleur. Il faut reconnaître que ces phénomènes constituent désormais notre "nouveau normal", nous devons agir immédiatement pour limiter leur intensité future.
Les gouvernements et les citoyens du monde entier doivent prendre des mesures pour réduire les émissions de GES. Adopter des énergies renouvelables, améliorer l'efficacité énergétique et repenser notre consommation sont des actions indispensables.
Des systèmes d'alerte précoce et des plans de réponse en cas de chaleur extrême doivent être mis en place pour protéger les populations, notamment celles qui sont les plus vulnérables.