Une créatine 100% végétale : la solution pour les végans ?

Face à la demande croissante des végans pour des alternatives aux nutriments d’origine animale, la production de créatine 100 % végétale semble se dessiner. Mais quelles sont les implications et les défis de cette avancée scientifique ?

La créatine 100 % végétale représente un espoir immense pour les végans et tous ceux qui cherchent à réduire leur dépendance aux produits d'origine animale.
La créatine 100 % végétale représente un espoir immense pour les végans et tous ceux qui cherchent à réduire leur dépendance aux produits d'origine animale.

Les adeptes du mode de vie végan se demandent souvent comment compenser certains nutriments d'origine animale, tels que la créatine, essentielle pour la performance musculaire.

Mais une percée scientifique majeure pourrait bientôt transformer les plantes en "usines à créatine", capables de produire de la créatine végétale.

Révolution du siècle : la créatine dans les plantes

Jusqu'à présent, la créatine ne pouvait être obtenue que par la consommation de viande ou de suppléments synthétiques. Cependant, des chercheurs se sont lancés dans une mission ambitieuse : modifier des plantes pour qu'elles produisent des nutriments habituellement d'origine animale .

L'idée repose sur la biologie synthétique, une discipline qui permet de modifier le code génétique des plantes pour les rendre capables de produire des molécules qu'elles ne fabriquent pas naturellement.

Les chercheurs ont introduit des instructions génétiques dans une plante modèle, Nicotiana benthamiana (une espèce proche du tabac), afin qu’elle fabrique non seulement de la créatine, mais aussi d'autres peptides essentiels comme la carnosine et la taurine.

Les plantes, bien qu’habituellement incapables de produire certains peptides complexes comme la créatine, grâce à ces modifications spécifiques, pourraient désormais devenir de véritables "bio-usines", capables de produire des nutriments essentiels pour les humains.

Mais ce projet soulève plusieurs questions, tant scientifiques qu'éthiques.

Une innovation sans OGM ?

Une question cruciale se pose : cette créatine végétale est-elle un produit "OGM" ? Techniquement, oui. Les modifications génétiques apportées aux plantes pour produire de la créatine les classent dans la catégorie des organismes génétiquement modifiés (OGM).

Or, en Europe, les régulations sur les OGM sont parmi les plus strictes au monde. Chaque plante génétiquement modifiée doit passer par un processus rigoureux d’évaluation des risques pour la santé humaine et l’environnement. Le cadre légal européen est basé sur le principe de précaution, ce qui signifie que toute utilisation à grande échelle de telles plantes devrait être précédée de plusieurs années d’études approfondies.

Certains pays adoptent des législations plus souples. comme les États-Unis et le Brésil, où les cultures OGM sont plus largement répandues.

Faisabilité encore à prouver

Produire de la créatine dans des plantes en laboratoire est une chose, mais la question de la faisabilité à grande échelle est tout autre. Pour l'instant, ces recherches sont encore au stade de la "preuve de concept". Cela signifie que, bien que les scientifiques aient réussi à produire de la créatine en petites quantités, il reste de nombreux défis à relever avant de pouvoir cultiver ces plantes en masse, de façon économiquement viable et environnementalement durable.

Même si la preuve de concept est convaincante, plusieurs challenges restent à surmonter avant de voir cette technologie révolutionner le marché. À ce jour, la production de créatine par les plantes reste modeste (environ 2,3 microgrammes par gramme de matière végétale). Pour que cette innovation devienne viable, il faudra optimiser les rendements et s'assurer que les plantes ne subissent pas de perturbations dans leur croissance ou leur métabolisme.

Toutefois, les implications sont prometteuses. Si les chercheurs réussissent à adapter cette technologie à des plantes comestibles comme les fruits ou légumes, cela pourrait rendre la créatine accessible directement à travers l’alimentation quotidienne des végans, sans avoir besoin de suppléments séparés.

L’avenir de la créatine végétale reste encore incertain, mais l'impact potentiel de cette découverte ne peut être ignoré. Des années de recherches supplémentaires et de collaborations internationales seront nécessaires pour surmonter les obstacles techniques et législatifs.

Références: Turning plants into workout supplement bio-factories

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