Si les nuages bas se font rares, préparez-vous : le réchauffement climatique va frapper plus fort !
En 2023, la planète a franchi le seuil redouté des 1,5°C de réchauffement, surpris par une hausse de 0,2°C imprévue. Les scientifiques pointent un coupable : la raréfaction des nuages bas. Découvrez pourquoi.
En 2023, la planète a franchi un cap décisif : une augmentation de la température moyenne mondiale atteignant 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels. Ce chiffre n’est pas qu’un simple seuil symbolique. C’est une alerte rouge, car ce degré et demi ouvre la porte à des bouleversements climatiques majeurs, comme l’intensification des événements extrêmes, la montée des eaux…
Mais cette fois, les experts ont été pris de court : les modèles climatiques ne prévoyaient qu’un réchauffement de 1,3°C environ, même avec un El Niño actif. Alors, d’où viennent ces 0,2 °C de trop ?
Course au 1,5°C !
Avec un bond de 0,2°C par rapport aux prévisions climatiques, cette hausse spectaculaire dépasse les explications habituelles. L’effet du phénomène El Niño, les variations solaires ou les émissions volcaniques ne suffisent pas à combler ce déficit. Cependant, une découverte récente, publiée dans la revue Science met en lumière un nouveau coupable : la raréfaction des nuages bas.
Ces formations nuageuses, situées entre le sol et 2 000 mètres d'altitude, jouent un rôle essentiel dans le climat. En réfléchissant une partie du rayonnement solaire, elles agissent comme un "bouclier thermique". Leur absence a contribué à réduire l’albédo de la Terre en 2023, atteignant son niveau le plus bas depuis au moins 1940.
Qu'est-ce que l'albédo ?
L’albédo, ce mot scientifique qui semble complexe, désigne simplement la capacité d’une surface à réfléchir la lumière solaire. Une surface blanche, comme les glaciers, possède un albédo élevé, renvoyant la majorité des rayons du soleil. À l’inverse, une surface sombre, comme l’océan, absorbe la chaleur.
La Terre dans son ensemble reflète environ 30 % du rayonnement solaire, mais ce chiffre diminue lorsque les nuages bas, principaux contributeurs à cet effet réfléchissant, se raréfient. En 2023, cette baisse de l’albédo a coïncidé avec une augmentation de la température mondiale, établissant un lien direct entre les deux phénomènes.
Pourquoi les nuages bas sont les suspects crédibles mais pas les autres ?
L’équipe de chercheurs, composée essentiellement de climatologues de l'institut Alfred Wegener, en Allemagne, et du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF), ont scruté les archives climatiques de la NASA et de l'ECMWF pour analyser plusieurs facteurs avant de pointer du doigt les nuages bas.
Les cycles solaires ? Leur impact est trop faible sur une période aussi courte. Les émissions volcaniques ? Elles augmentent temporairement la vapeur d’eau dans l’atmosphère, mais pas assez pour expliquer un tel bond. La diminution des particules polluantes, qui interagissent avec les nuages, joue un rôle, mais partiel.
Seuls les nuages bas, par leur disparition progressive, concordent avec cette anomalie climatique. Les données satellitaires révèlent une diminution significative de ces formations dans les latitudes tropicales et tempérées de l’hémisphère nord. Leur absence amplifie directement le réchauffement en réduisant la protection naturelle contre les rayons solaires.
Une boucle de rétroaction positive !
Voici ce qui inquiète le plus les climatologues : et si la raréfaction des nuages bas n’était pas qu’un effet passager ?
Le changement climatique pourrait lui-même réduire leur présence. Moins de nuages bas signifie un albédo plus faible, donc un réchauffement accru… qui réduit encore les nuages. C’est ce qu’on appelle une boucle de rétroaction positive : un cercle vicieux où chaque étape amplifie la suivante.
D'autres recherches devront valider les conclusions de cette étude. Toutefois, si cette hypothèse se confirme, nous risquons de dépasser de manière durable le seuil des 1,5 °C bien plus tôt que prévu, avec des conséquences irréversibles pour notre planète.
Ce constat constitue un véritable signal d'alarme, qui exige une réponse immédiate. Il est impératif de réduire nos émissions de gaz à effet de serre et de préserver les mécanismes naturels essentiels à la régulation de notre climat.
Référence de l'article
Helge F. Goessling et al., Recent global temperature surge intensified by record-low planetary albedo.Science 0,eadq7280 DOI:10.1126/science.adq7280