Santé : de nouvelles preuves du lien entre pollution et cancer du poumon
Une nouvelle étude scientifique apporte des preuves du lien entre la pollution atmosphérique (en particulier les particules fines en suspension dans l'air) et le risque de développer un cancer du poumon en seulement quelques années.
On savait que la pollution atmosphérique pouvait accroitre le risque de développer un cancer du poumon, mais une étude parue dans la revue Nature début avril apporte de nouvelles données en ce sens.
Selon des scientifiques britanniques, la pollution de l'air pourrait causer le cancer du poumon sans nécessairement provoquer de mutation d'ADN, par simple inflammation. Les auteurs expliquent également que quelques années d'exposition aux particules fines suffisent pour provoquer une augmentation du risque. Explications.
Augmentation de la réponse inflammatoire
Il y a 70 ans, deux scientifiques du nom de Berenblum et Shubik ont développé le concept de deux processus impliqués dans la carcinogenèse, c'est à dire l'initiation de la tumeur. Avec le temps, les cellules vieillissent et acquièrent des mutations oncogènes, c'est l'initiation. Dans un deuxième temps, la tumeur ne se développe que si un facteur de risque agit sur les cellules pour déclencher la maladie, c'est la promotion.
Cette nouvelle étude scientifique publiée début avril dans la revue Nature rejoint cette théorie en apportant la preuve que des facteurs environnementaux (la pollution atmosphérique) déclenchent le développement du cancer du poumon en stimulant la promotion de la tumeur.
Pour y parvenir, les scientifiques ont exposé des souris porteuses d'une mutation associée au cancer humain à des doses de particules fines comparables à celles respirées par des humains. Ces particules fines d'un diamètre inférieur à 2,5 micromètres (PM 2.5) sont émises par la combustion du bois, les moteurs thermiques ou les centrales au charbon.
Les résultats montrent qu'une exposition aux particules fines favorise une réponse inflammatoire soutenue qui dure plusieurs semaines après l'exposition. C'est cette inflammation qui réveille les cellules "dormantes", initiatrices de la tumorigenèse. Selon les auteurs, trois années d'exposition à la pollution de l'air suffiraient pour que cette association se manifeste chez les humains.
Nécessité d'agir en faveur de la qualité de l'air
Ces résultats fournissent des preuves supplémentaires qu'un facteur de risque majeur pour le développement du cancer du poumon est non seulement l'acquisition presque inévitable de mutations oncogènes, mais aussi des mécanismes qui favorisent l'expansion des cellules mutantes naissantes.
Dans l'immédiat, ces données suggèrent un lien mécanique et causal entre la pollution atmosphérique et le cancer du poumon, ce qui fournit une preuve supplémentaire de la nécessité d'agir pour diminuer les émissions de particules fines dans les zones urbaines.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), chaque année, environ 7 millions de décès prématurés sont dus aux effets de la pollution de l’air, dont plus de 4 millions en lien avec l’air ambiant. En Europe et en France, de nombreuses villes et grandes métropoles ne respectent toujours pas les lignes directrices sanitaires de l'OMS.
Cette dernière fixe pour seuil de référence une concentration moyenne annuelle de 5 µg/m3 pour les PM 2.5. En guise d'exemple, selon AirParif, en 2021, les concentrations moyennes annuelles de PM 2.5 étaient comprises entre 7 et 9 µg/m3 en milieu rural et entre 8 et 13 µg/m3 sur les sites urbains de fond du cœur de l’agglomération parisienne.