Réchauffement climatique : au-delà des écrans, une menace mondiale pour le sommeil… et en France ?

Au-delà des écrans, une nouvelle menace pèse sur nos nuits d'après une étude : des températures plus élevées qui grignotent nos heures de repos.

Le réchauffement climatique détériore la qualité du sommeil.
Le réchauffement climatique contribue également à la détérioration la qualité du sommeil.

Le réchauffement climatique ne se limite pas à des vagues de chaleur et des événements météorologiques extrêmes. Une nouvelle étude de grande ampleur révèle un effet insoupçonné : nos nuits deviennent plus courtes et notre sommeil plus fragile sous l’effet de la hausse des températures.

Un phénomène sous-estimé, mais bien réel

En France, une étude de l'Insee révèle que 34 % des internautes de 15 à 74 ans ressentent des effets néfastes liés à l'usage des écrans, en particulier une réduction du temps de sommeil (25 % des cas). Ce phénomène touche surtout les jeunes de 15 à 19 ans (57 %), avec une exposition prolongée aux écrans, parfois au détriment des loisirs et des relations sociales.

Mais une autre menace, moins perceptible, s'intensifie : la chaleur nocturne. Une équipe de scientifiques a analysé 23 millions de nuits enregistrées auprès de 214 445 personnes en Chine, et a démontré que chaque augmentation de 10°C de la température ambiante réduit le sommeil total de 9,67 minutes. Plus inquiétant encore, le sommeil profond diminue de 2,82 %, alors qu’il est essentiel à la récupération physique et cognitive.

Si l'on applique cette analogie à la France, où les températures nocturnes estivales ont augmenté de 1,5°C en moyenne depuis 1970, des pertes de sommeil similaires pourraient être observées. Ces effets seraient exacerbés dans les grandes villes comme Paris, Lyon ou Marseille, où les "îlots de chaleur urbains" retiennent la chaleur nocturne et limitent le refroidissement.

Des projections inquiétantes

Si rien n'est fait, dans un scénario d’émissions élevées (SSP5-8.5), chaque individu pourrait perdre jusqu'à 33 heures de sommeil par an d'ici 2100. Cette tendance ne concernera pas seulement les régions les plus chaudes du monde. En France, où l'on dort déjà en moyenne 6 h 42 par nuit, soit moins que les 7 heures recommandées, cette réduction pourrait aggraver un phénomène déjà préoccupant.

En effet, le nombre de courts dormeurs (moins de 6 heures) augmente en France, atteignant 35,9 % de la population. Les conséquences sont lourdes : augmentation des risques de maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, obésité et déclin cognitif. Les régions du Sud et de l'Est, où les températures nocturnes s'élèvent plus rapidement, pourraient être les plus impactées.

Qui souffrira le plus ?

Certaines populations sont particulièrement exposées à ces perturbations du sommeil. L'étude, parue dans Nature Communications souligne que les personnes de plus de 45 ans, les femmes et les individus en surpoids sont les plus sensibles aux effets de la chaleur nocturne.

De plus, les travailleurs de nuit et ceux confrontés à des horaires décalés souffrent déjà d'un manque de sommeil chronique. En France, leur nombre a explosé, passant de 3,3 millions en 1990 à 4,3 millions en 2013, réduisant leur temps de repos d’environ une heure par nuit.

Comment réagir ?

Si l’adaptation est peut-être possible par l’utilisation accrue de la climatisation ou l’optimisation des habitats, ces solutions ont un coût écologique et social. À plus grande échelle, réduire les émissions de gaz à effet de serre reste la meilleure stratégie pour préserver notre sommeil et notre santé.

Le sommeil est souvent perçu comme une question individuelle, mais son érosion à l’échelle d'une population révèle une crise plus large : celle de notre rapport à l’environnement et à notre mode de vie. Une nuit trop chaude, un sommeil trop court… Et si le réchauffement climatique était aussi un voleur de rêves ?

Sources de l'article :

Li, A., Luo, H., Zhu, Y. et al. Climate warming may undermine sleep duration and quality in repeated-measure study of 23 million records. Nat Commun 16, 2609 (2025). https://doi.org/10.1038/s41467-025-57781-y

Vie publique. (2024, 19 juin). Exposition aux écrans : un temps de sommeil limité pour 25 % des internautes. Société.