Qui peut encore sauver notre planète ? La puissance de la technologie ou la volonté politique ?
Les débats climatiques se concentrent souvent sur les avancées technologiques : l'essor des énergies renouvelables, l'adoption des véhicules électriques, l'efficacité énergétique. Pourtant, une étude récente montre que ces mesures seules ne permettront pas de limiter le réchauffement à 1,5°C.
Face à la crise climatique qui s'intensifie, la question n'est plus de savoir si nous avons les outils nécessaires pour inverser la tendance, mais si nous aurons la volonté politique suffisante et le courage de les utiliser efficacement.
Selon une récente étude publiée dans Nature, bien que les technologies vertes connaissent des avancées significatives, c'est désormais la capacité des gouvernements à mettre en œuvre des politiques climatiques robustes qui déterminera notre avenir.
La technologie : un potentiel immense mais insuffisant
Il ne fait aucun doute que les technologies vertes ont fait des progrès impressionnants. Le développement de l'énergie solaire, éolienne et des véhicules électriques, ainsi que l'amélioration des technologies de stockage d'énergie, ont rapproché le monde de l'objectif zéro émission nette. Le coût de l'énergie solaire, par exemple, a chuté de 89 % au cours de la dernière décennie, rendant cette source d'énergie plus accessible que jamais.
Cependant, malgré cette capacité technologique, l'étude souligne que cela ne suffit pas pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris, et limiter le réchauffement à 1,5°C. Les auteurs révèlent que, sans une action rapide et décisive de la part des gouvernements mondiaux, les chances de maintenir le réchauffement en dessous de ce seuil critique sont infimes, tombant à seulement 5 %.
Barrières politiques majeures
L'étude met en lumière un point fondamental : les obstacles ne sont plus techniques, mais politiques et institutionnels.
Malheureusement, de nombreuses nations, notamment parmi les plus développées, sont encore à la traîne en matière de mise en œuvre de mesures efficaces pour réduire les émissions.
Par exemple, les politiques d'encouragement à l'énergie verte sont souvent insuffisantes ou mal ciblées, et les subventions aux énergies fossiles persistent, ralentissant ainsi la transition énergétique. De plus, l'absence de coordination internationale renforce ces difficultés, les pays ayant parfois des priorités contradictoires ou des niveaux d'engagement variables.
Urgence d'une action concertée
Les auteurs de l'étude soulignent que la seule solution réside dans une action concertée, immédiate et à grande échelle. Le rôle des organisations internationales, comme l'Organisation météorologique mondiale (OMM), ou encore les Programmes des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), devient alors crucial pour fournir des preuves scientifiques et techniques solides soutenant l'élaboration de politiques.
Ces travaux doivent contribuer à mettre en lumière l'urgence d'agir face à la crise climatique, et à pousser les gouvernements à aligner leurs politiques sur les objectifs climatiques globaux. La réactivité et la détermination des dirigeants politiques sont les éléments clés qui feront la différence.
Vers un avenir incertain, mais entre nos mains
Si les avancées technologiques nous donnent les moyens de freiner le réchauffement climatique, la véritable bataille se joue désormais dans les sphères politiques. Les gouvernements du monde entier doivent prendre conscience que la science est claire : le temps presse et l'inaction coûtera bien plus cher à l'humanité que les efforts nécessaires aujourd'hui.
L'étude conclut sur une note d'avertissement : si les gouvernements ne répondent pas à l'urgence avec la détermination requise, nous risquons de dépasser de façon irréversible les seuils critiques pour la stabilité climatique.
Références : Bertram, C., Brutschin, E., Drouet, L. et al. Feasibility of peak temperature targets in light of institutional constraints. Nat. Clim. Chang. (2024). https://doi.org/10.1038/s41558-024-02073-4