Quels sont ces super-polluants qui détruisent notre planète (et nos vies) en silence ?
Ils sont responsables de 45 % du réchauffement climatique et causent des millions de morts chaque année. Ces super-polluants sont bien plus dangereux que le CO2 et méritent une attention urgente.
Quand on parle de lutte contre le changement climatique, le dioxyde de carbone (CO2) occupe le devant de la scène. Mais derrière ce géant, une autre catégorie de polluants, appelés "super-polluants", agit en silence.
Ces gaz et particules, bien que présents en moindre quantité dans l’atmosphère, ont un pouvoir de réchauffement bien supérieur au CO2. Ensemble, ils sont responsables de 45 % du réchauffement global actuel et de millions de décès prématurés chaque année.
Ces super-polluants incluent le méthane, le carbone noir (suie), les gaz fluorés et l’ozone troposphérique. Certains persistent des jours dans l’atmosphère, d’autres des siècles, mais tous ont un impact dévastateur sur le climat et la santé humaine.
Méthane : deuxième coupable du réchauffement ?
Le méthane (CH4) est le super-polluant le plus connu. Avec un pouvoir de réchauffement 80 fois supérieur à celui du CO2 sur une période de 20 ans, il est le deuxième contributeur au réchauffement climatique.
D’où vient-il ? Environ 40 % des émissions proviennent de l’agriculture, notamment de l’élevage et de la production de riz. Les combustibles fossiles ajoutent 35 %, tandis que les déchets en décomposition en apportent 20 %.
En 2023, les concentrations de méthane étaient 265 % plus élevées qu’à l’ère préindustrielle, et elles continuent de grimper. Ce gaz exacerbe également l’insécurité alimentaire en augmentant les températures et en perturbant les cycles de pluie, ce qui entraîne des pertes de cultures estimées à 12 % par an.
Le méthane alimente aussi la formation de l’ozone troposphérique, un autre super-polluant particulièrement nocif pour la santé.
Ozone troposphérique : un tueur invisible
L’ozone troposphérique (différent de l’ozone stratosphérique qui protège des rayons UV) se forme lorsque des gaz comme le méthane et les composés organiques volatils réagissent avec la lumière du soleil. Bien qu’il ne persiste que quelques semaines dans l’atmosphère, ses effets sont désastreux : 1 à 2 millions de morts prématurées par an dues à des maladies respiratoires et cardiovasculaires.
Elle constitue une menace croissante pour les cultures et les forêts, avec des pertes agricoles massives causées par des lésions aux plantes.
En tant que composant majeur du smog, l’ozone aggrave l’asthme, détruit les tissus pulmonaires et met en danger les populations vulnérables, comme les enfants et les personnes âgées.
Carbone noir : la suie qui réchauffe et tue
Le carbone noir, ou suie, provient de la combustion incomplète du bois, des carburants fossiles et des biofuels. Sa capacité à réchauffer la planète est 1 500 fois supérieure à celle du CO2. Il perturbe les précipitations, favorise la fonte des glaces et diminue les rendements agricoles.
Côté santé, le carbone noir affecte directement les populations : il fait partie des particules fines (PM2.5), responsables de 4 à 8 millions de décès par an. Ces particules aggravent l'asthme, provoquent des maladies cardiaques et même des problèmes de santé chez les nouveau-nés.
Super-polluants VS polluants éternels
Contrairement aux super-polluants que nous venons de mentionner, qui ont un impact climatique immédiat mais une durée de vie relativement courte dans l'atmosphère, les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), surnommées "polluants éternels", persistent indéfiniment dans l'environnement.
Ce contraste souligne une différence cruciale : tandis que les super-polluants amplifient rapidement le réchauffement climatique, les PFAS représentent une menace à long terme. Leur impact s'étend bien au-delà des effets climatiques immédiats, posant des risques durables pour la santé humaine et les écosystèmes.
Notons que les PFAS englobent des milliers de composés chimiques, dont au moins 256 sont produits industriellement, selon le Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Depuis les années 1950, ces substances ont envahi divers produits du quotidien, des emballages alimentaires aux textiles, des poêles antiadhésives aux cosmétiques, sans oublier leur présence dans des secteurs stratégiques tels que la santé et la transition énergétique.
Leur résistance exceptionnelle à la dégradation dans l'environnement entraîne leur accumulation dans l'eau, l'air, les sols et les sédiments. Leur toxicité pour l'humain est bien documentée, avec des liens établis avec des maladies thyroïdiennes, des lésions hépatiques, des cancers, une élévation du taux de cholestérol, ainsi qu'une altération des réponses immunitaires.
Comment agir ?
Des études montrent que réduire les super-polluants pourrait éviter 2,4 millions de décès par an et réduire le réchauffement climatique quatre fois plus rapide que les seules politiques de décarbonisation.
Le Pacte mondial sur le méthane, signé par 158 pays, vise à réduire les émissions mondiales de méthane de 30 % d’ici 2030 ; l'Amendement de Kigali cible les hydrofluorocarbures, des gaz à effet de serre présents dans les climatiseurs et les réfrigérateurs.
Les citoyens ont aussi un rôle à jouer : réduire les déchets alimentaires, soutenir des politiques écologiques ambitieuses. Par ailleurs, choisir des produits exempts de PFAS sont également des actions concrètes pour contribuer à cet effort.
Références de l'article :
Carbon Brief. Guest post : How ‘super pollutants’ harm human health and worsen climate change. (Janvier 2025).
Vie publique.fr. Polluants éternels : l'essentiel sur les PFAS en 6 questions. (Janvier 2025).