Incendies monstres au Canada, départs de feu en France : alerte au nuage pyrocumulus ou flammagenitus !
L'air chaud monte et la fumée générée par les grands incendies de forêt peut provoquer la formation de nuages se développant verticalement appelés pyrocumulus et aussi flammagenitus, selon la nomenclature officielle.
Les incendies de forêt et les éruptions volcaniques sont des phénomènes naturels (dans le premier cas, nombre d'entre eux sont causés volontairement ou involontairement par l'homme) qui, lorsqu'ils atteignent une certaine ampleur, sont capables de générer des nuages se développant verticalement, de type cumuliforme, connu sous le nom de pyrocumulus. Dans la dernière édition de l'Atlas international des nuages de l'OMM (2017), ils ont commencé à être considérés comme un type particulier de nuage, les identifiant sous le nom de flammagenitus.
Contrairement à ce qui se passe avec la formation d'un cumulus ou cumulonimbus, où la forte insolation du sol et la présence d'air plus froid que la normale dans la troposphère moyenne et supérieure déclenche la convection qui entraîne le développement des nuages, dans le cas d'un feu de forêt, c'est la source intense de chaleur qui génère des ascensions vigoureuses d'air très chaud, mélangé aux gaz et aux particules de fumée et de cendres provenant de la combustion des matières végétales.
Lorsque cette gigantesque fumée prend de la hauteur et atteint des niveaux atmosphériques où l'environnement est suffisamment froid, la vapeur d'eau, qui parvient en grande quantité à atteindre là-haut, change d'état, des gouttelettes d'eau liquide et des embryons de glace se forment et commencent à former le pyrocumulus, adoptant sa partie supérieure en forme de chou-fleur.
Les pyrocumulus générés par les grands incendies de forêt (appelés mégafires) parviennent à atteindre des altitudes supérieures à 11 kilomètres (le niveau de la tropopause aux latitudes moyennes) et pénètrent dans la basse stratosphère. Les vents forts qui soufflent dans la partie supérieure de la troposphère et la partie inférieure de la stratosphère aident à étendre la couverture nuageuse horizontalement et à transporter les minuscules particules de fumée sur de longues distances. Les grandes dimensions que certains de ces nuages convectifs atteignent, favorisent les processus de précipitations ainsi que l'activité électrique dans leur partie supérieure, produisant des averses et des éclairs dans les incendies eux-mêmes.
Selon le développement vertical atteint par le pyrocumulus, le nuage résultant peut être un cumulus flammagenitus (développement petit ou intermédiaire), un cumulus congestus flammagenitus (grand développement) ou même un cumulonimbus calvus flammagenitus (grand développement et activité électrique). Alors que dans le mot pyrocumulus, le préfixe pyro- a son origine dans le terme grec pyros, qui signifie "feu", dans le cas de "flammagenitus", sa signification est "généré par la flamme ou le feu", d'où ce nom qui a été choisi pour identifier les nuages générés à la fois par les incendies de forêt et les éruptions volcaniques.
Pyrocumulus saisonniers en France
La formation de pyrocumulus en France, en particulier dans les départements méditerranéens, n'est pas quelque chose de rare, dans la mesure où il y a un nombre important d'incendies de forêt chaque année, dont certains atteignent de grandes dimensions. C'est dans ces derniers que les nuages de ce type se forment habituellement, avec un grand développement vertical.
La haute saison des incendies est la période estivale (plus précisément de la fin du printemps au début de l'automne), bien qu'ils puissent se produire à tout moment de l'année, étant malheureusement la plupart d'entre eux causés par l'homme. Dans de tels cas, le pyrocumulus résultant, en plus d'inclure le qualificatif flammagenitus dans son nom, devrait également être homogenitus (nuage créé par l'activité humaine), bien que, selon l'Atlas international des nuages de l'OMM, ce dernier qualificatif s'applique uniquement aux traînées d'avions ou aux grands panaches qui s'échappent des tours de refroidissement des centrales électriques.