Pourquoi la perturbation du vortex polaire retarde-t-elle le trou d'ozone ? Faut-il s’inquiéter ?
Des réchauffements au-dessus de l'Antarctique ont perturbé le vortex polaire cette année, retardant la formation du trou d'ozone. Cet événement rare mérite notre attention.
Cette année, un phénomène mystérieux a déjoué les prévisions : le trou d'ozone, pourtant attendu comme chaque année au-dessus de l'Antarctique, a tardé à se former.
Un phénomène saisonnier
Avant d'aborder ce retard, rappelons ce qu’est exactement le trou d’ozone. La couche d'ozone, située dans la stratosphère, entre 20 et 30 kilomètres au-dessus de la Terre, nous protège des rayons ultraviolets (UV) nocifs du soleil. Ces rayons peuvent causer des cancers de la peau, nuire aux écosystèmes marins et ralentir la croissance des plantes. Sans cette protection naturelle, la vie terrestre serait sérieusement menacée.
Depuis les années 1980, un amincissement dramatique de cette couche est observé annuellement au-dessus de l'Antarctique, un phénomène connu sous le nom de "trou d'ozone".
Ce processus est principalement causé par les émissions de substances chimiques comme les chlorofluorocarbones (CFC), largement utilisés dans le passé comme réfrigérants dans les climatiseurs et réfrigérateurs, ou encore comme propulseurs dans les aérosols, tels que les sprays pour cheveux et les désodorisants. Ces composés sont capables de détruire les molécules d’ozone, permettant ainsi aux rayons UV d’atteindre la surface terrestre.
Heureusement, des accords internationaux comme le Protocole de Montréal ont permis de bannir ces substances, et la couche d'ozone montre lentement des signes de guérison. Malgré ces avancées, le trou continue de se former entre août et novembre, avant de se refermer en décembre.
Mais pourquoi ce retard ?
En temps normal, le trou d'ozone commence à se développer dès le début du mois d'août, mais cette année, les scientifiques ont observé un retard inhabituel : l'appauvrissement de l'ozone n’a commencé qu’à la fin du mois. En cause : une perturbation du vortex polaire au-dessus de l'Antarctique.
Le vortex polaire est un gigantesque tourbillon de vents extrêmement froids et rapides. Lorsqu'il se renforce pendant l’hiver austral, il crée des conditions idéales pour l'apparition du trou d'ozone. Cependant, cette année, deux épisodes soudains de réchauffement ont perturbé ce vortex.
Quelques chiffres pour mieux comprendre
En juillet et août, les températures de la stratosphère ont brusquement augmenté de 15 à 17 °C. Ces hausses de température sont rares au-dessus de l’Antarctique, bien que plus fréquentes dans l'hémisphère Nord. Ce réchauffement soudain a affaibli et déformé le vortex, retardant ainsi la destruction progressive deozone.
D'habitude, un vortex polaire fort et bien circulaire favorise la formation rapide du trou d'ozone. En 2022, par exemple, le trou d'ozone avait atteint une taille de 25 millions de kilomètres carrés, soit une superficie plus grande que l'Amérique du Nord.
Ce retard doit-il nous alarmer ?
Pas nécessairement. Un vortex polaire affaibli peut retarder la destruction de l'ozone, mais cela ne signifie pas pour autant que tout est sous contrôle, et que la couche d'ozone est en train de se guérir de manière définitive. La formation du trou dépend de plusieurs facteurs chimiques et météorologiques complexes, et les variations annuelles sont attendues.
Bien que des signes encourageants de rétablissement soient visibles, la récupération totale de la couche d'ozone reste incertaine. Elle dépend en grande partie de la réduction continue des émissions de substances appauvrissant l'ozone. Les scientifiques estiment que le trou d'ozone pourrait continuer à se former régulièrement jusqu'en 2060, voire 2070, avant que la couche ne soit entièrement restaurée.
Références : Bizarre polar vortex over Antarctica delayed ozone hole opening, scientists say