Pollution: une hausse inquiétante de la mortalité dans les pays du Sud
Une étude publiée la semaine dernière par l'University College London, alerte sur l'augmentation rapide de la mortalité prématurée due à la pollution atmosphérique dans plusieurs grandes villes tropicales.
Selon une étude parue la semaine dernière dans la revue Science Advances, la pollution atmosphérique urbaine dans les pays tropicaux augmente rapidement et entraînera des centaines de milliers de décès évitables si des réglementations plus strictes ne sont pas mises en place.
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs de la faculté de Géographie de l'University College London ont étudié les concentrations de polluants atmosphériques dans plus de 46 villes de pays tropicaux à croissance rapide. Explications.
Forte augmentation de la pollution
Les chercheurs ont utilisé des données satellites de la NASA et de l'Agence spatiale européenne pour estimer les concentrations de plusieurs polluants atmosphériques entre 2005 et 2018 : particules fines (PM2.5), dioxyde d'azote (NOx), ammoniac (NH3), composés organiques volatils (COV), etc.
Ces polluants, inhalés dans la durée et par forte concentration, sont nocifs pour l'homme. Les données couvraient 46 villes tropicales en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, qui devraient avoir une population de 10 millions d'habitants ou plus d'ici 2100.
Les scientifiques ont constaté des augmentations annuelles de l'ordre de 14% pour le dioxyde d'azote, 12% pour l'ammoniac et 8% pour les particules fines. Ces chiffres, combinés à des modèles d'évaluation des risques pour la santé publique, leur ont permis d'estimer combien de décès prématurés sont associés à de telles augmentations.
De 2005 à 2018, le dioxyde d'azote, qui favorise le cancer du poumon et autres maladies cardiaques, a augmenté de manière significative dans 34 des 46 villes étudiées. Parmi les plus durement touchées, Chittagong et Dhaka au Bangladesh, où les concentrations ont triplé.
180.000 décès prématurés évitables
Ces fortes augmentations en concentration de polluants atmosphériques s'expliquent particulièrement par la forte et rapide croissance démographique et industrielle de ces villes. L'utilisation de carburants est la source numéro un de cette pollution.
D'autres pratiques, comme le brûlage à ciel ouvert de la biomasse pour le défrichement et l'élimination des déchets agricoles restent très émissives, notamment en Indonésie et au Bangladesh. De même que certaines activités industrielles en Asie tropicale.
Au final, les chercheurs estiment à près de 180.000 décès prématurés attribuables à la pollution de l'air dans ces 46 villes en 2018, soit une augmentation de 62% par rapport à 2005.
Ces villes, qui devraient compter plus de 80 millions d'habitants en 2100, ne disposent malheureusement pas de réseau fiable de surveillance de la qualité de l'air, ni de mesures de santé public permettant de limiter cette pollution. Les chercheurs concluent que des "des mesures politiques immédiates et strictes sont nécessaires pour améliorer la qualité de l'air et réduire l'exposition accrue aux polluants dangereux".