Les nuages de sable seront-ils plus fréquents en France à l'avenir ?
Un nouveau nuage chargé en poussières de sable du Sahara a survolé la France ces derniers jours, le 3ème en quelques semaines. Ce phénomène va t-il se montrer plus fréquent dans un contexte de réchauffement climatique ? Eléments de réponse.
Un nouveau nuage chargé en poussières de sable du Sahara a survolé la France ces derniers jours. En cause : un flux de sud, dynamique responsable d’ailleurs de fortes rafales de vent d’Autan entre le lundi 11 et mardi 12 avril. Deux départements, la Haute-Garonne et le Tarn, avaient d’ailleurs été placés en vigilance orange pour ce paramètre.
De plus, avec la présence d’une perturbation sur le pays entre mardi et mercredi, les averses ont ainsi entraîné le dépôt de sable sur le sol. Les régions allant des Pyrénées vers les Ardennes en passant par le Centre et l’Ile-de-France ont été les plus touchées. Une remontée de sable due à une configuration météorologique particulière.
Le sirocco en cause
La position de deux centres d’action différents : une dépression, baptisée Evelyne, positionnée sur le centre de l’Atlantique et un anticyclone qui s'étirait du Maghreb vers la France, a orienté le vent au sud et provoqué ce qu’on appelle un coup de sirocco. Ce vent de sud fort qui souffle en Méditerranée peut transporter ce sable sur les 3 000 km qui nous séparent du désert africain.
En France, il concerne surtout la Corse, en métropole ce vent de sud-est prend l'appellation de vent d’Autan et vent de sud sur les autres régions. Ce nuage de sable qui a concerné le pays en début de semaine est bien moins dense que le 15 mars dernier mais ce phénomène se répète pour la 3eme fois en seulement deux mois. Une conséquence du réchauffement climatique ?
Des causes multifactorielles
Les conditions climatiques comme une hausse des températures et des périodes de sécheresse peuvent en effet expliquer ces événements. Comme l’explique une récente étude du Journal of climate, aujourd’hui, 50 % de la poussière de désert vient du Sahara et en un siècle, ce désert s’est étendu de 10 %. Une extension que les chercheurs explique à deux tiers par un cycle naturel et un tiers par le réchauffement climatique d’origine anthropique. Et le problème est bien là : les causes de l’augmentation des tempêtes de sable sont multifactorielles.
De son coté, Amer al-Jabri, directeur du bureau météorologique d'Irak, qui a récemment été touché par un tempête de sable ayant entraînée de nombreuses hospitalisations dans le pays, explique qu’avec le changement climatique, elles deviennent de plus en plus fréquentes.
Il y a un risque "d'augmentation des tempêtes de poussière en raison de la sécheresse, de la désertification et de la baisse des précipitations (...) qui fragilisent la couverture végétale", avertit-il. Cette couverture végétale est en effet nécessaire car elle permet d'atténuer les effets de ces nuages de poussière.
Même constat pour ces chercheurs du Kansas : pour eux, la réduction des précipitations en Afrique de l’Ouest au cours du 20e siècle a favorisé le soulèvement de poussières, le recul de la végétation n'arrange pas les choses. On ne sait pas encore si, dans un climat plus chaud, il y aura plus de pluies dans cette zone parce que l’océan s’évaporera plus ou si, au contraire, il fera plus sec ; plusieurs modèles travaillent le sujet et n’arrivent pas encore forcément à la même conclusion.