Les extrêmes climatiques frappent-ils au hasard ou selon une logique géographique ?
Climatologie ou loterie ? Les évènements climatiques extrêmes semblent frapper partout, mais leur intensité et leur localisation révèlent des tendances claires liées à l'activité humaine. Une analyse captivante et révélatrice.
Un évènement climatique extrême se distingue par son intensité, sa durée ou ses conséquences, dépassant largement les conditions normales d’une région donnée. Ces phénomènes, souvent violents, peuvent se manifester sur des périodes très courtes, comme quelques heures ou quelques jours, à l’exemple des tornades, des vagues de chaleur ou des fortes pluies, ou bien s’étendre sur plusieurs semaines ou mois, comme les sécheresses.
Qu’ils soient brefs ou prolongés, ils provoquent des impacts dévastateurs sur les communautés, les écosystèmes naturels et agricoles, et les infrastructures. Tandis que leur fréquence et leur intensité semblent s’accroître, les exemples comme les tempêtes ou les inondations soulignent leur caractère inhabituel et destructeur. Mais ces évènements sont-ils vraiment imprévisibles ?
Vers une science de plus en plus précise ?
Depuis près de deux décennies, les scientifiques explorent le lien entre les extrêmes climatiques et le changement climatique causé par l’humanité. Depuis la première étude d’attribution en 2004, la recherche a fait des progrès fulgurants. Les outils de simulation permettent désormais des analyses quasi-instantanées.
Par exemple, l’initiative World Weather Attribution fournit des résultats en quelques jours après un événement extrême. Cela permet d’éclairer rapidement les décideurs et d’orienter l’aide aux victimes. Le constat est clair : 74 % des événements étudiés sont amplifiés ou rendus plus probables par l’activité humaine.
Grâce à la science de l’attribution des événements extrêmes, il est désormais possible de mesurer l’influence du réchauffement global sur un événement précis. Exemple frappant : la canicule européenne de 2003, où le risque de températures extrêmes avait au moins doublé à cause des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Un monde inégal face au climat
Les extrêmes climatiques ne frappent pas toutes les régions de la planète de manière équitable. En analysant plus de 600 études effectuées sur près de 750 événements, des disparités géographiques émergent.
Europe, Asie de l'Est et Amérique du Nord concentrent la majorité des études (62 %). Par exemple, la Chine a enregistré un pic d’intérêts avec 114 événements analysés, dont 70 % depuis 2020, liés aux vagues de chaleur et inondations meurtrières. Afrique, Asie centrale et Océanie, en revanche, sont largement sous-représentées, faute de données suffisantes ou de moyens scientifiques locaux. Pourtant, ce sont souvent les régions les plus vulnérables.
Ces inégalités mettent en lumière une double injustice : les pays en développement, les moins responsables des émissions, subissent des impacts majeurs sans bénéficier des outils de prévision et de prévention.
Pourquoi certaines régions sont plus touchées?
Certaines zones sont particulièrement vulnérables aux événements climatiques extrêmes en raison de leur position géographique. Les régions côtières et tropicales, comme les Philippines, sont régulièrement frappées par des typhons, exacerbés par des océans plus chauds. De même, les zones arides, telles que le Sahel, sont plus sensibles aux sécheresses prolongées.
L'impact humain joue également un rôle important. Les zones densément peuplées et industrialisées génèrent davantage d'émissions, ce qui peut amplifier les phénomènes climatiques extrêmes à l'échelle locale. Cette interaction entre facteurs naturels et humains crée des "points chauds" de vulnérabilité.
Quels évènements attribués au changement climatique ?
Parmi les événements climatiques étudiés, certains types sont plus faciles à attribuer au changement climatique :
- Les vagues de chaleur montrent une corrélation directe avec l’augmentation des températures mondiales (28 % des cas). Ces événements sont souvent impossibles sans l’influence humaine.
- Les précipitations extrêmes (24 %) se trouvent amplifiées. Par exemple, les fortes pluies observées en 2024 au Kerala (Inde) ont été rendues 10 % plus intenses par le réchauffement climatique.
- Les sécheresses (14 %) et tempêtes (8 %), bien qu’influencées par le réchauffement global, leur complexité géographique et atmosphérique complique parfois les analyses précises.
Mais attention : la science de l’attribution reste une photographie de l’impact du changement climatique sur un événement précis. Elle ne permet pas encore de prédire exactement où et quand frappera le prochain extrême.
Les extrêmes inverses : un paradoxe
Fait étonnant, environ 9 % des événements étudiés ont été atténués par le changement climatique, comme certaines tempêtes de neige moins fréquentes ou des précipitations réduites dans certaines régions. Toutefois, ces cas sont rares et ne compensent pas l’impact global du réchauffement.
Que faire ?
Le réchauffement climatique ne se limite pas à une simple hausse des températures mondiales. Il perturbe les équilibres écologiques, affectant chaque région différemment et intensifiant les phénomènes climatiques extrêmes, tels que les vagues de chaleur, les inondations ou les sécheresses. Ces changements sont directement liés aux activités humaines, et leur impact varie selon les spécificités géographiques et socio-économiques de chaque territoire.
Pour y faire face, il est crucial de renforcer la recherche dans les régions sous-représentées et d’investir dans des infrastructures adaptées, comme des systèmes de gestion des inondations et des alertes précoces pour les canicules.
Réduire les émissions de GES à l’échelle mondiale est essentiel, car chaque fraction de degré supplémentaire aggrave l’intensité des événements extrêmes. Se préparer à ces impacts est fondamental pour protéger les communautés et assurer un avenir résilient.
Sources : Mapped : How climate change affects extreme weather around the world