Volcans : les éruptions sous-marines sont-elles plus dangereuses que les éruptions terrestres ?
Les volcans sous-marins sont nombreux à travers le monde et apportent des difficultés de surveillance pour les scientifiques de par leur localisation. Pourtant, ceux-ci sont tout aussi dangereux que les volcans terrestres, si ce n'est plus.
L'éruption du volcan Hunga Tonga-Hunga Ha'apai entre le 14 et le 15 janvier 2022 a surpris bon nombre de scientifiques par sa puissance, déclenchant un tsunami sur une partie du Pacifique et produisant une onde de choc faisant plusieurs fois le tour de la Terre. Mais les éruptions sous-marines sont-elles plus dangereuses que les éruptions terrestres ?
La surveillance des volcans sous-marins est peu aisée
Les volcans sous-marins sont particulièrement nombreux sur Terre et environ 75% de la production de magma terrestre provient des dorsales océaniques. Si la plupart de ces volcans n'apportent que peu de risques pour les populations vivant dans leur rayon d'action, d'autres sont bien plus menaçants et ce à des échelles bien plus étendues.
Ce fut par exemple le cas du volcan Hunga Tonga-Hunga Ha'apai dans l'archipel des Tonga qui est entré en éruption au début de l'année 2022. Celui-ci a engendré une éruption particulièrement puissante, un événement arrivant une fois par millénaire d'après les scientifiques. Ce volcan a en effet subi une explosion aussi soudaine que violente, engendrant un tsunami touchant les îles alentours et s'accompagnant d'un panache de gaz et de cendres atteignant 39km d'altitude, propulsant d’importantes quantités de gaz et de vapeur d'eau dans notre atmosphère.
Cette explosion volcanique pourrait d'ailleurs être l’événement terrestre le plus bruyant depuis la fameuse éruption du Krakatoa en 1883, là aussi un volcan sous-marin. Toutefois, cette éruption fut très soudaine et a surpris les habitants de la région car aucun avertissement n'avait été déclenché avant sa survenue, le volcan n'ayant connu que des phases d’activité occasionnelles et peu intenses ces dernières années.
La surveillance des volcans sous-marins constitue en effet un défi considérable pour les chercheurs, car leur localisation (profondeur de l'océan, distance par rapport aux terres,..) limite l'utilisation des méthodes d'observations conventionnelles pratiquées pour les volcans terrestres.
Détecter des augmentations de températures à la surface d'un volcan sous-marin est par exemple une méthode d'anticipation d'une éruption imminente mais cette technique est peu aisée car les signatures thermiques ne sont généralement visibles à la surface que lorsque le volcan est déjà entré en éruption. Ainsi, les scientifiques doivent souvent adopter d'autres méthodes, moins efficaces que sur terre, pour anticiper leurs éruptions.
Les dangers des éruptions sous-marines
Les éruptions sous-marines se produisent la plupart du temps sous la surface de l'océan comme leur nom l'indique. Celles-ci peuvent s'échelonner d'événements mineurs et très localisés à des éruptions majeures ayant de bien plus lourdes conséquences régionales et même potentiellement un impact au niveau mondial !
A une échelle locale, ce type d'éruption peut libérer des gaz comme de la vapeur d'eau, du dioxyde de carbone et du dioxyde de souffre. Ces gaz peuvent ensuite se dissoudre dans l'eau de mer environnante, entraînant une acidification localisée de l'océan, ce qui a un impact potentiellement néfaste sur la vie marine.
Au niveau régional, les éruptions sous-marines puissantes peuvent déclencher des tsunamis, issus du déplacement soudain d'importants volumes d'eau consécutifs à une explosions sous la surface ou issus de glissements de terrain sous-marins. Ceci représente un risque non négligeable pour les populations se situant proches des volcans sous-marins mais également celles situées à une distance plus importante, la hauteur et la puissance des tsunami pouvant grandement varier en fonction de l'intensité de l'éruption.
Mais ces éruptions peuvent également représenter des risques importants à l'échelle de la planète. Celles-ci peuvent en effet libérer de très grandes quantités de cendres, d'aérosols et de gaz dans l'atmosphère, pouvant donc avoir une influence plus ou moins importante sur le climat mondial. Les particules projetées en altitude peuvent par exemple réfléchir la lumière du soleil, refroidissant la planète sur un laps de temps plus ou moins important, ce qu'on appelle un hiver volcanique.
Mais la vapeur d'eau projetée peut également avoir l'effet inverse en accentuant l'effet de serre et en réchauffant temporairement le climat, ce qui a d'ailleurs pu être le cas suite à l'éruption du volcan des îles Tonga l'année dernière d'après certaines études.
Si elles sont moins documentées mais également moins bien surveillées, les éruptions sous-marines peuvent donc s'avérer tout aussi dangereuses si ce n'est plus que les éruptions terrestres, avec des conséquences possibles à toutes les échelles en fonction de leur puissance !