Les "bulles" géantes et chaudes de l'océan Pacifique révèlent enfin leurs origines !

Les "bulles" géantes, ces masses d'eau anormalement chaudes dans l'océan Pacifique, ont considérablement endommagé les écosystèmes marins. Les scientifiques ont enfin découvert leur origine.

Exemple d'un Warm Blob dans le Pacifique Nord-Est en septembre 2019. Crédit : NOAA.
Exemple d'un Warm Blob dans le Pacifique Nord-Est en septembre 2019. Crédit : NOAA.

Les énormes masses d'eau anormalement chaude dans l'océan Pacifique Nord sont souvent appelées "blobs". Elles menacent la vie marine et la pêche dans les régions où elles se produisent. Depuis 2010, ces événements ont eu un effet désastreux sur les écosystèmes marins du Pacifique Nord.

La période 2010-2020 a été la décennie la plus chaude jamais enregistrée pour les températures de surface de la mer dans le Pacifique Nord-Est. Cela s'est traduit par diverses vagues de chaleur marine extrêmes, également appelées "warm blobs" par certains, qui ont gravement affecté les écosystèmes marins le long de la côte ouest de l'Amérique du Nord.

Aujourd'hui, on a enfin découvert la cause de ces phénomènes. Dans une étude récente publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), des chercheurs ont révélé les origines de ce phénomène.

L'origine des "bulles" chaudes dans le Pacifique Nord-Est

L'équipe internationale de chercheurs a utilisé des simulations de modèles climatiques pour identifier l'origine de ces événements dans le Pacifique Nord-Est. Ils ont constaté que les "bulles" chaudes dans cette région étaient associées à une réduction des émissions d'aérosols en Chine.

Simulations des aérosols (en haut) et du flux solaire absorbé (en bas) en Chine, utilisées dans l'étude. Source : Wang et al. (2024).
Simulations des aérosols (en haut) et du flux solaire absorbé (en bas) en Chine, utilisées dans l'étude. Source : Wang et al. (2024).

Il s'avère que les minuscules particules d'aérosols libérées par les industries et les centrales électriques réfléchissent la lumière du soleil dans l'espace et maintiennent notre atmosphère plus fraîche. Sans cette couverture d'aérosols dans l'atmosphère, l'océan est plus exposé à la chaleur du soleil, ce qui contribue au réchauffement climatique provoqué par l'homme.

Cependant, les chercheurs suggèrent que les effets radiatifs directs des aérosols ne sont pas les seuls en cause. Il est probable qu'une réaction en chaîne de réchauffement due à l'absence d'aérosols ait contribué à modifier les systèmes climatiques, en réduisant la vitesse des vents dans certaines parties du Pacifique et en provoquant une surchauffe de ces zones.

Ces "bulles" chaudes ont entraîné la mort de poissons, d'oiseaux de mer et d'autres animaux, ainsi que la prolifération d'algues toxiques, qui peuvent endommager davantage les écosystèmes car elles bloquent la lumière du soleil et consomment de l'oxygène.

"Nous avons constaté que la réduction rapide des aérosols en Chine déclenche des anomalies dans la circulation atmosphérique au-delà de leur région d'origine, provoquant un réchauffement moyen substantiel de la surface dans le Pacifique Nord-Est, ce qui crée des conditions favorables à des événements extrêmes de réchauffement de l'océan", ont déclaré les auteurs dans l'étude.

Autres points négatifs découverts

Selon les chercheurs, les lois sur l'air pur introduites en Chine dans les années 2010 ont très bien fonctionné en termes de réduction des niveaux de polluants émis dans l'atmosphère. Entre 2006 et 2017, par exemple, les émissions de dioxyde de soufre (SO2) ont été réduites d'environ 70 % dans le pays. Cependant, les politiques mises en place pour améliorer les conditions environnementales peuvent aussi avoir des conséquences négatives, puisque la réduction des émissions d'aérosols en Chine a été le facteur responsable de la formation des "bulles" chaudes.

En outre, l'étude indique que le réchauffement des eaux du Pacifique Nord-Est induit par les aérosols, ainsi que la variabilité climatique interne et le réchauffement induit par les gaz à effet de serre, ont rendu les épisodes de "blob" chauds plus fréquents et plus intenses entre 2010 et 2020, la période analysée. Et comme les émissions d'aérosols anthropiques continuent de diminuer, il est probable que les événements se multiplient dans la région.

"Nos résultats fournissent des informations importantes sur les mécanismes du changement océan-atmosphère dans le Pacifique Nord, soulignant la nécessité de prendre en compte les risques exacerbés posés par une réduction des émissions d'aérosols anthropogéniques lors de l'évaluation des impacts du changement climatique", ont conclu les chercheurs.

Référence de l'article :

Wang, H. et al. Atmosphere teleconnections from abatement of China aerosol emissions exacerbate Northeast Pacific warm blob events. Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), v. 121, n. 21, 2024.

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