Le phénomène El Niño peut-il toucher la France ? Quelles conséquences à attendre ?
C’est désormais acté par l’Organisation Météorologique Mondiale : le phénomène El Niño s’apprête à se mettre en place dans le Pacifique. Les répercussions à l’échelle mondiale sont nombreuses, et la France n’y échappera pas. Explications.
La communauté scientifique s'attend au retour d'El Niño au cours de cette année. Selon le dernier rapport publié par l’OMM (Organisation Météorologique Mondiale), la probabilité que la phénomène s’installe est de 60 %. Cette probabilité augmente encore les mois suivants, ce qui explique la quasi-certitude des scientifiques. En conséquence, il faut s’attendre à une hausse des températures moyennes mondiales, dépassant probablement le seuil critique de 1,5°C de réchauffement par rapport aux valeurs pré-industrielles.
Après La Niña - l’inverse d’El Niño - observée ces derniers mois, nous sommes actuellement dans une phase neutre. Durant cette période, les alizés soufflent d'est en ouest sur l'océan Pacifique tropical. Ils provoquent alors une remontée d'eau des profondeurs au centre et à l'est de l'océan Pacifique équatorial, ce qui se matérialise par une langue d'eau froide. Ils entraînent également une accumulation d'eau "chaude" à l'ouest du bassin pacifique. Cette phase laissera progressivement sa place à El Niño d’ici la fin de l’été.
Vers de nouveaux records de chaleur en France ?
Il est très probable qu’El Niño alimente de nouveaux pics de températures sur le globe, alerte d’ores et déjà l’OMM. Il y a même une probabilité accrue de connaître en 2023 l'année la plus chaude jamais enregistrée d’après l’organisme. L’intensité exacte du phénomène sera donc déterminante. Pour l’heure, le scénario le plus probable indique qu’il serait modéré et qu’il resterait donc assez largement inférieur à l’épisode de 2015 qui avait été l’un des plus intenses jamais observé.
En France et plus largement en Europe, les experts du climat s’accordent sur des conséquences d’El Niño limitées, contrairement à d’autres zones du monde. Toutefois, les observations lors des précédentes phases du phénomène indiquent un temps plus dépressionnaire que la normale mais aussi plus chaud que la normale. Ainsi, avec son retour prévu pour l’été, la probabilité de connaître des vagues de chaleur mais aussi de puissantes dégradations orageuses pourrait augmenter sensiblement. C’est d’ailleurs en ce sens que vont les dernières tendances saisonnières élaborées pour la période s’étirant de début juin jusqu’à fin août. Le mois de juillet s’annonce d’ailleurs comme le plus chaud de la saison.
La Polynésie directement concernée
Si la métropole se trouve très éloignée du Pacifique et donc d’El Niño, d’autres zones pourront être bien plus impactées. En effet, avec une eau plus chaude que la normale dans cette partie du globe en raison du phénomène, il faut s’attendre à des phénomènes cycloniques plus intenses et/ou plus nombreux. La chaleur étant le carburant des ouragans, une activité plus marquée est donc très probable dans le Pacifique. C’est pourquoi la Polynésie française pourrait être directement impactée au cours des prochains mois.
D’autres pays du monde s’attendent également à connaître des conséquences du phénomène. L’Indonésie et l’est de l’Australie pourraient connaître d’intenses sécheresses. Le climat s’annonce également plus sec qu’en temps normal en Amérique du Sud et dans une partie méridionale de l’Afrique. En revanche, la Californie pourrait connaître un excédent pluviométrique qui serait, lui, le bienvenu après plusieurs années de sécheresse…