Le repas de Noël européen à 15 litres de pétrole par personne !
Deux chercheurs belges ont analysé de près les publicités des hypermarchés afin de dévoiler l'empreinte carbone associée au repas de Noël typique en Europe pour huit personnes.
Noël approche à grand pas. Les célébrations festives battent leur plein tandis que le réchauffement climatique et les préoccupations liées aux émissions de dioxyde de carbone (CO2) se hissent au premier plan des débats politiques et des préoccupations citoyennes. Dans ce contexte, deux chercheurs belges ont entrepris d'examiner de près les publicités des hypermarchés afin de dévoiler l'empreinte carbone associée au repas de noël, typiquement européen pour huit personnes.
L'analyse se concentre particulièrement sur le transport aérien intercontinental, lequel émet en moyenne soixante fois plus de CO2 que le transport maritime. L' étude a été effectuée en 2007, mise à jour 10 ans plus tard, et reflète encore les tendances actuelles.
Fleurs exotiques et empreinte carbone florissante
Pour démarrer, les chercheurs invitent à imaginer un superbe arrangement de vingt roses embellissant la table festive. Ces splendides spécimens, venant du Kenya, ont effectué un périple de 6550 km par voie aérienne, entraînant ainsi une émission de 5,2 kg de CO2.
Velouté d'asperges aux langoustines du monde
Le menu commence par un velouté d'asperges aux langoustines. Les asperges en provenance du Pérou ont parcouru 10 500 km par avion, émettant 12,5 kg de CO2, tandis que les langoustines, décortiquées et congelées en Indonésie, ont effectué un trajet de 14 000 km par bateau.
Une décision intrigante se dévoile : il est apparemment plus écologique d'opter pour des langoustines élevées en Asie du Sud-Est plutôt que celles pêchées en Ecosse.
Le plat principal : un périple culinaire mondial
Pour le plat principal, le choix s'est porté sur un simple steak frites salade, malgré une hésitation entre des options exotiques telles que le springbok de Namibie, le kangourou australien, l'autruche d'Afrique du Sud, la biche ou l'agneau de Nouvelle-Zélande, le bison canadien ou le râble de lièvre d'Argentine.
Toutefois, même notre plat traditionnel comporte des éléments importés, comme le steak de bœuf argentin parcourant 11 300 km par avion, émettant ainsi 14,5 kg de CO2.
Un dessert globalisé à l'impact écologique éloquent
Le dessert prend la forme d'une salade de fruits composée d'une variété exotique, dont les ingrédients proviennent des quatre coins du globe. Une addition de deux kiwis de Nouvelle-Zélande, une orange d'Afrique du Sud et une pomme belge complètent cette symphonie de saveurs.
Cependant, cette douceur mondiale a un coût environnemental non négligeable, avec une distance totale parcourue de 126 000 km et une émission d'environ 9 kg de CO2. Le tout est arrosé d'une bouteille de mousseux blanc de Tasmanie, ajoutant 17 100 km à l'ensemble.
Un bilan carbone remarquable : 209 000 km pour 41,3 kg de CO2
En résumé, la somme des distances parcourues par l'ensemble des produits atteint 209 000 km, émettant ainsi 41,3 kg de CO2. Cette distance équivaut à plus de cinq tours du monde, et les émissions sont comparables à celles d'un véhicule ordinaire parcourant 258 km, soit approximativement 15 litres d'essence pour moins de six kilogrammes de nourritures.
Réflexions sur notre consommation et appel à l'action
Face à ces révélations, une question émerge : comment notre choix alimentaire peut-il être à ce point mondialisé, au détriment de notre empreinte écologique ? Alors que le transport aérien de marchandises augmente constamment, la nécessité de repenser à nos habitudes de consommation devient impérative.
Il est indéniable que des alternatives plus durables, axées sur des produits locaux et une réduction des importations aériennes, pourraient considérablement atténuer notre impact environnemental. En cette période de fêtes, il est fondamental de s'interroger sur nos choix et de privilégier des options qui minimisent notre empreinte carbone, tout en préservant la tradition festive.
Vers une consommation plus responsable
Avant que des étiquetages CO2 ne deviennent la norme dans nos supermarchés, les auteurs appellent les autorités européennes à légiférer sur la question, imposant aux distributeurs l'obligation d'apposer des logos indiquant clairement le mode de transport utilisé pour le transport intercontinental des marchandises. Ce geste permettrait aux consommateurs de faire des choix éclairés, favorisant ainsi des produits locaux et réduisant notre empreinte écologique.
Ensemble, consommateurs avertis et législateurs engagés, nous avons le pouvoir d'instaurer des changements positifs. En faisant des choix conscients, nous pouvons célébrer les fêtes de manière responsable, réduisant ainsi notre impact sur l'environnement sans compromettre notre qualité de vie.