L’ordinateur mi-machine, mi-humain, l'hybride de demain ?
Cortical Labs, une entreprise australienne, a créé le premier ordinateur mi-machine, mi-humain. Le 3 mars dernier, elle a présenté son produit au Mobile World Congress, qui s’est tenu à Barcelone. Ce n’est plus de l’IA, c’est de l’IO.

Après l’IA, l’IO. Pour intelligence organoïde. Le 3 mars dernier, la société australienne Cortical Labs a lancé le CL1, un ordinateur d’un tout nouveau genre. En effet, il s’agit d’un hybride machine-vivant, puisque ce système fonctionne grâce à des cellules humaines. De la science-fiction ? Pas du tout ! L’objet a été présenté au Mobile World Congress 2025, à Barcelone, en Espagne.
Le CL1, l’ordinateur vivant de Cortical Labs
Il s’agit d’un ordinateur biologique. Grâce à un réseau composé de centaines de milliers de neurones humains, cultivés en laboratoire et intégrés à une puce électronique en silicium, l’entreprise a fabriqué un ordinateur capable d’apprentissage et d’adaptation, tout comme un cerveau humain. Des décharges électriques sont envoyées afin que les cellules puissent calculer, à l’image d’un algorithme.
Place à l’IO, l’intelligence organoïde
L’entreprise Cortical Labs veut créer une « sorte d’intelligence artificielle biologique ». Elle ajoute : « puisque des entreprises comme Google et OpenAI essaient de créer une IA qui fonctionne comme un cerveau, pourquoi ne pas utiliser les parties [du cerveau] – les neurones – pour atteindre le même objectif ? [...] La seule chose qui possède une “intelligence générale”… ce sont les cerveaux biologiques. » Brett Kagan, directeur scientifique de Cortical Labs, affirme néanmoins que le but n’est pas de « remplacer les choses que les méthodes d’IA actuelles font bien. »
La société australienne n’en est pas à son coup d’essai. En 2022, cette même équipe avait fait jouer ces neurones à un jeu vidéo. L’année suivante, des chercheurs de l'Université de l'Indiana à Bloomington, aux Etats-Unis, avaient réussi à connecter des cellules cérébrales à un circuit imprimé. L’objectif d’interconnecter l’humain et la machine n’est donc pas nouveau.

Pour Brett Kagan, l’IO présente des avantages considérables. Le premier réside dans l’économie d’énergie. En effet, contrairement à l’IA, énergivore, l’IO ne consommerait que quelques watts. Il évoque également la complexité et la rapidité d’apprentissage du cerveau humain. « Ce que les humains, les souris, les chats et les oiseaux peuvent faire [et que l’IA ne peut pas faire], c’est déduire des informations à partir de très petites quantités de données et prendre ensuite des décisions complexes. »
Mais la communauté scientifique s’interroge sur un point essentiel. Qu’en est-il de cette révolution, d’un point de vue purement éthique ? Cette technologie se veut être positive pour le domaine de la recherche médicale, mais l’idée d’utiliser de la matière vivante soulève des questions. Si, pour l'instant, cette technologie n’en est qu’au début, la communauté scientifique se demande si, à terme, ces petits cerveaux, capables d’apprendre, de se souvenir et de s’adapter, ne vont pas développer une forme de conscience.
Ils pourraient donc se rendre compte de leur état ou ressentir la douleur
Mais pour Brett Kagan, il est trop tôt pour savoir où se trouve la limite. Il affirme que les cellules humaines « n’auront pas de caractéristiques telles que la conscience, et nous sommes en mesure de tester et d’évaluer cela, et de nous en éloigner s’il y a un risque. »
Références de l’article :
« IA biologique » : une start-up australienne commercialise un ordinateur fait de neurones humains
Cet ordinateur intègre de véritables cellules cérébrales humaines