L'étrange tunnel interstellaire reliant notre système solaire à une constellation située à 4 années-lumière de la Terre

Le « tunnel du Centaure », une découverte surprenante qui pourrait modifier notre compréhension de l'univers, relie notre système solaire à la constellation du Centaure.

Alpha Centauri est l'étoile la plus proche du Soleil. Elle se trouve à 4,3 années-lumière de notre étoile et les scientifiques de l'Institut Max Planck ont découvert un « tunnel interstellaire » inhabituel entre les deux étoiles.
Alpha Centauri est l'étoile la plus proche du Soleil. Elle se trouve à 4,3 années-lumière de notre étoile et les scientifiques de l'Institut Max Planck ont découvert un « tunnel interstellaire » inhabituel entre les deux étoiles.

La constellation du Centaure ou Centaurus est l'une des constellations les plus grandes et les plus lumineuses du ciel nocturne, reconnue depuis l'Antiquité. Comme son nom l'indique, cette constellation représente la figure mythologique du centaure, mi-homme, mi-cheval.

Le Centaure possède deux des dix étoiles les plus brillantes du ciel et contient l'étoile la plus proche du Soleil, Alpha Centauri, située à 4,3 années-lumière, soit 41,2 milliards de kilomètres.

Grâce aux données de l'observatoire eROSITA (extended ROentgen Survey with an Imaging Telescope Array), un puissant télescope spatial à rayons X construit par l'Institut Max Planck de physique extraterrestre (MPE) en Allemagne et lancé en 2019, il a été possible de créer une carte tridimensionnelle du « voisinage » de notre système solaire et de trouver ce surprenant tunnel interstellaire.

Une bulle chaude

Notre système solaire se trouve dans une zone de l'espace appelée « bulle chaude locale » (Local Hot Bubble, ou LHB en anglais). Cette bulle se caractérise par l'émission de rayons X et s'étend sur une distance de 1 000 années-lumière autour de notre étoile.

Michael Yeung, doctorant à l'Institut Max Planck de physique extraterrestre (MPE) en Allemagne, est l'auteur principal d'une étude qui, en utilisant les données de l'observatoire spatial eROSITA, a cherché à cartographier la « bulle chaude locale dans l'hémisphère galactique occidental », une région de l'espace caractérisée par un gaz chaud de très faible densité ayant une température d'un million de degrés Kelvin (environ 1 million de degrés Celsius, soit plus de 180 fois la température de surface du Soleil) et une densité inférieure à 0,01 particule par cm3.

Modèle 3D du voisinage du système solaire. La barre de couleur représente la température du LHB. Crédit : Michael Yeung/MPE
Modèle 3D du voisinage du système solaire. La barre de couleur représente la température du LHB. Crédit : Michael Yeung/MPE

Et comme l'observatoire eROSITA dispose d'un puissant télescope à rayons X, l'équipe de Yeung a pu dresser une carte tridimensionnelle de la « bulle chaude locale ». En analysant cette cartographie tridimensionnelle, les scientifiques ont découvert un tunnel interstellaire en direction de la constellation du Centaure.

Un tunnel interstellaire est un espace plus froid dans le milieu interstellaire, et dans ce cas, un seul des emplacements interconnectés a été déterminé comme étant précisément la « bulle chaude locale », tandis qu'à l'autre extrémité se trouve peut-être une superbulle voisine appelée Loop I.

Un trou de ver ?

Un tunnel interstellaire est, en termes simples, une connexion entre deux restes de supernova ou deux superbulles remplies de gaz chaud. Selon l'équipe de l'Institut Max Planck de physique extraterrestre, ce tunnel pourrait avoir été « creusé » par des vents stellaires à grande vitesse et par l'énergie explosive de multiples étoiles en éruption.

Cette étude a éveillé l'imagination en découvrant ce tunnel interstellaire, qui n'est pas un trou de ver, mais un raccourci entre notre système solaire et l'étoile la plus proche
Cette étude a éveillé l'imagination en découvrant ce tunnel interstellaire, qui n'est pas un trou de ver, mais un raccourci entre notre système solaire et l'étoile la plus proche

Ce tunnel interstellaire pourrait faire partie d'un réseau plus complexe de milieu interstellaire s'étendant sur toute la Voie lactée, formé par des bouffées d'énergie libérées par les étoiles et toujours en expansion perpendiculairement au plan galactique, ce qui suggère des explosions stellaires plus récentes, probablement vieilles de quelques millions d'années seulement.

Mais cela n'a rien à voir avec la possibilité de voyager entre différents points de la galaxie. Il ne s'agit pas d'un « trou de ver », comme l'expression « tunnel interstellaire » pourrait le suggérer dans l'imagination de la plupart d'entre nous.

Rappelons que, selon la théorie générale de la relativité d'Albert Einstein, la gravité est la courbure de l'espace-temps causée par la masse, et qu'un trou de ver est un tunnel théorique ou un raccourci entre deux points de l'espace-temps.

L'univers énergétique vu par le télescope à rayons X eROSITA
L'univers énergétique vu par le télescope à rayons X eROSITA

La découverte de l'Institut Max Planck ouvre la voie à la possibilité que de tels tunnels gazeux soient plus courants qu'on ne le pensait, et l'on espère que les nouvelles connexions avec d'autres bulles de gaz chaud dans l'espace nous permettront de trouver des réponses à des questions sur la structure et la dynamique de notre galaxie.

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