Insolite ! Ce mammifère au pénis géant se reproduit sans pénétration !

Une première scientifique relatée dans la revue Current Biology ce lundi 20 novembre 2023. Un chercheur du département Écologie et évolution de l'Université de Lausanne en Suisse documente pour la première fois une reproduction sans pénétration chez un mammifère : la sérotine, une espèce de chauve-souris.

Nicolas Fasel a étudié la sérotine commune, aussi scientifiquement baptisée Eptesicus serotinus, grâce à un système de vidéo surveillance placé dans l'église de Castenray, un village de l'est des Pays-Bas, ainsi que dans un centre de soin pour la faune sauvage en Ukraine. La sérotine, comme beaucoup d'espèces de chauves-souris, vit principalement la nuit et est plutôt discrète.

Le pénis en érection du mâle de la sérotine est sept fois plus long que le vagin de la femelle et aussi sept fois plus large à son extrémité. L'organe en érection représente 22% de la longueur tête-corps de la chauve-souris ! Pourquoi le pénis de ce mammifère volant est-il disproportionnellement grand ? Et comment se reproduit cette espèce ?

"Dans le domaine de la reproduction, les chauves-souris sont assez spéciales, détaille le chercheur. Les femelles de certaines espèces peuvent stocker les spermatozoïdes pendant plusieurs mois, retarder leur ovulation et même le développement de l'embryon. Les mâles, eux, sont souvent dotés de pénis énormes, à la forme étonnante".

Grâce aux 101 rapports sexuels filmés entre différents individus, Nicolas Fasel s'est rendu compte que le mâle sérotine se contente d'appuyer très fort son pénis sur les parties génitales de la femelle afin d'y verser sa semence en surface. Pour éviter que les spermatozoïdes soient expulsés, le mâle doit garder sa position le plus longtemps possible.

Durée des ébats des sérotines : une heure en moyenne. Mais les scientifiques ont réussi à filmer un accouplement de 13 heures ! "Comme chez les oiseaux, il n'y a pas de pénétration, et le pénis est plutôt utilisé comme un bras puissant qui empêche la femelle de recouvrir sa vulve avec la membrane de sa queue", rapporte le chercheur suisse.

Pendant la période de reproduction, la femelle sérotine n'est pas très exigeante dans le choix des partenaires sexuels. Mais d'après le scientifique, il se pourrait qu'elle sélectionne en interne les spermatozoïdes qui la féconderont, ou tout simplement rejeter la semence déversée si le mâle ne fait pas ses preuves.

"Il est aussi possible que les femelles mettent les mâles à l'épreuve en testant leurs compétences pendant l'accouplement. Si un mâle ne dure pas assez longtemps, elle pourrait expulser l'éjaculat", précise Nicolas Fasel. Le chercheur précise que ces hypothèses restent encore à prouver : "Il y a encore beaucoup de choses à découvrir dans l'église du village !"