Inédit : comment notre assiette peut-elle aider à atteindre les objectifs de l'Accord de Paris ?
Une étude révolutionnaire du Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK) ouvre la voie à une transition vers des régimes alimentaires plus sains et plus durables, offrant un potentiel monumental pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.
Des chercheurs de Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK), Allemagne, met en lumière le lien crucial entre nos habitudes alimentaires et l'avenir de notre planète.
Un pas vers l'équilibre
Selon le sixième rapport d'évaluation (AR6) du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC), la transformation du système alimentaire vers des régimes alimentaires durables et sains est l'option la plus efficace du côté de la demande pour atténuer le changement climatique.
Cette étude menée à l'échelle mondiale, révèle que la demande alimentaire évolue en parallèle avec la population et les revenus, comme un ballet harmonieux de l'économie mondiale. Cependant, ce qui rend ces résultats vraiment révolutionnaires, c'est la découverte selon laquelle les changements dans notre façon de nous nourrir peuvent avoir un impact significatif sur notre capacité à atteindre les objectifs de l'Accord de Paris.
Il est fascinant de constater que l'apport calorique individuel, qui tend à augmenter globalement au cours du XXIe siècle, peut être réorienté vers une voie plus durable. Dans cette voie de changement alimentaire, l'apport calorique diminue dans les régions à revenu élevé et moyen, tandis qu'il augmente dans les régions à faible revenu pour atteindre un niveau équilibré pour un IMC sain d'ici 2050.
Ainsi, il devient de plus en plus évident que ce que nous mettions dans nos assiettes pourrait bien être la clé pour préserver notre planète pour les générations futures.
Quelques indicateurs
Selon l'étude, si tout le monde commence à manger de manière plus respectueuse de l'environnement, cela pourrait en fait nous donner plus de marge de manœuvre dans notre lutte contre le changement climatique.
Ces changements alimentaires sont guidés par les recommandations de l'EAT-Lancet pour un régime flexitarien, qui préconise une réduction significative des produits d'origine animale au profit des produits à base de plantes.
C'est une voie royale pour contribuer de manière tangible à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). En clair, cela signifie que nous aurions plus de "crédit carbone" à utiliser avant de dépasser les limites critiques pour notre climat : ce changement pourrait augmenter notre budget mondial de CO2 de 125 gigatonnes, offrant ainsi un coup de pouce significatif dans notre combat contre le changement climatique.
L'étude met en évidence l'impact concret de ces changements alimentaires sur nos efforts pour limiter le réchauffement à 1,5°C. La trajectoire SSP2-1.5°C-DietShift, se révèle être une solution viable pour limiter le réchauffement à un pic de 1,56°C en 2045. C'est un scénario qui évolue vers un régime alimentaire flexitarien.
Concrètement, comment ça marche ?
Le régime flexitarien consiste à manger de tout, mais en faisant un peu moins de viande et de poisson, et un peu plus de protéines végétales. L'idée, c'est de varier son assiette en équilibrant les aliments pour rester en bonne santé.
Et ce qui est bien, c'est que ça correspond aux conseils nutritionnels qu'on nous donne, donc tout le monde peut s'y mettre facilement.
La transition vers des régimes alimentaires sains et durables offre une opportunité sans précédent de rendre les politiques climatiques plus abordables et de réduire les prix de l'énergie. Cependant, pour que cette transformation soit pleinement réalisée, elle nécessite des politiques cohérentes et des efforts concertés à l'échelle mondiale.
Référence : Florian Humpenöder et al. ,Food matters: Dietary shifts increase the feasibility of 1.5°C pathways in line with the Paris Agreement.Sci. Adv.10,eadj3832(2024).DOI:10.1126/sciadv.adj3832