Incendies et volatilité hydroclimatique : que retenir des tragédies de Los Angeles ?

Incendies dévastateurs à Los Angeles : une étude met en lumière le rôle de la volatilité hydroclimatique. Explorer cette découverte pourrait aider à élaborer des stratégies de résilience face aux défis de demain.

© Crédit photo : JOSH EDELSON / AFP
© Crédit photo : JOSH EDELSON / AFP

Los Angeles, symbole de rêves et de désastres, a vu ses cieux s'embraser une fois de plus. Les incendies qui dévastent la région ne sont pas de simples aléas de la nature. Face à ces manifestations climatiques brutales, la "volatilité hydroclimatique" se révèle comme un facteur clé à analyser.

Conséquences sociales et écologiques

Les répercussions des incendies de Los Angeles sont immenses. Ces feux ont fait 24 morts, déplacé plus de 105 000 personnes et détruit 15 000 hectares de terres. Au-delà des pertes humaines, les écosystèmes locaux subissent des dommages irréparables. Les sols, une fois brûlés, perdent leur capacité à retenir l'eau, ce qui entraîne une augmentation des risques de glissements de terrain et d'érosion lors des pluies suivantes.

La destruction de la végétation entraîne également une perte de biodiversité et perturbe les habitats naturels. Les incendies libèrent de grandes quantités de dioxyde de carbone, contribuant davantage au réchauffement climatique. La récupération de ces écosystèmes peut prendre des décennies, voire des siècles, rendant chaque incendie particulièrement destructeur à long terme.

La "volatilité hydroclimatique" pour cause ?

La "volatilité hydroclimatique" se traduit par des transitions soudaines et fréquentes entre des conditions très sèches et très humides. Ce phénomène est amplifié par le réchauffement climatique qui augmente la capacité de l'atmosphère à retenir l'humidité.

D'après une nouvelle étude parue dans Nature, chaque augmentation de 1 °C de la température atmosphérique est associée à 7 % d'humidité supplémentaire. Cela signifie que l'atmosphère devient plus capable de produire des périodes de fortes pluies suivies de sécheresses intenses, créant un cycle d'humidité et de sécheresse extrêmes.

Selon cette étude, cette instabilité a augmenté de 31 à 66 % depuis le milieu du XXᵉ siècle. À Los Angeles, après des saisons de pluie record, les périodes de sécheresse transforment la végétation luxuriante en un véritable carburant pour les incendies.

Cette alternance extrême rend la gestion des ressources en eau et la prévention des catastrophes particulièrement complexes, nécessitant des infrastructures capables de gérer des volumes d'eau très variables

Vents de Santa Ana

Par ailleurs, les vents de Santa Ana, chauds et secs, soufflant de l'intérieur des terres vers l'océan, favorisent la propagation rapide des incendies en dispersant les braises sur de longues distances.

Ces vents sont générés par des zones de haute pression dans le Great Basin, qui poussent l'air à travers les montagnes vers la côte californienne. Le réchauffement climatique intensifie ces vents en augmentant la chaleur et réduisant l'humidité de l'air qui descend des montagnes.

En raison de la fonte des neiges plus rapide et de la diminution des précipitations hivernales, les vents de Santa Ana deviennent plus fréquents et plus puissants. Cette intensification contribue à rendre les incendies plus intenses et plus fréquents, car les conditions créées par ces vents assèchent rapidement la végétation, réduisant ainsi le temps disponible pour intervenir efficacement.

Réponses urgentes

L'adaptation devient une nécessité urgente. Des politiques visant à gérer les ressources en eau de manière plus résiliente, à préserver les forêts et à réduire les émissions de gaz à effet de serre doivent être mises en place immédiatement.

Cela inclut la construction de réservoirs d'eau pour stocker les excès pendant les saisons de pluie et la mise en œuvre de techniques agricoles qui résistent mieux aux conditions climatiques extrêmes. L’implication des communautés locales dans la préparation et la réponse aux catastrophes est cruciale pour réduire les pertes humaines et matérielles.

Des programmes de sensibilisation et de formation peuvent aider les populations à mieux comprendre les risques et à agir rapidement en cas d'urgence. La collaboration entre les gouvernements, les scientifiques et les citoyens est essentielle pour développer des stratégies durables de gestion des risques.

Référence de l'article :

Swain, D.L., Prein, A.F., Abatzoglou, J.T. et al. Hydroclimate volatility on a warming Earth. Nat Rev Earth Environ 6, 35–50 (2025). https://doi.org/10.1038/s43017-024-00624-z

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