Des arbres de plus en plus hauts en montagne : pourquoi cela pose un réel problème ?
La limite forestière est de plus en plus élevée à travers le monde ces dernières années, ce qui induit des conséquences néfastes pour les espaces naturels de la haute altitude.
D'après une récente étude publiée par une équipe de scientifiques chinois relayée en ce mois d'août 2023 par The Guardian, les arbres poussent à une altitude de plus en plus élevée en montagne, une nouvelle conséquence du changement climatique.
Une limite forestière en hausse constante
Si vous vous êtes déjà rendus en montagne, vous avez sûrement pu remarquer que le nombre d'arbres diminue plus l'altitude augmente jusqu'à ce que ceux-ci disparaissent complètement, c'est ce qu'on appelle la limite forestière. Les chercheurs de l'université de Shenzhen en Chine ont analysé l'évolution de cette limite ces dernières années sur 243 régions montagneuses et sont arrivés à la conclusion que celle-ci avait grandement évolué dans le monde entier.
En effet, l'étude a permis de mettre en évidence que cette limite forestière avait tendance à augmenter, autrement dit, les arbres poussent à une altitude de plus en plus élevée en montagne ces dernières années. Les scientifiques ont en effet estimé que les lignes d'arbres s'étaient élevées d'environ 1,2m par an en moyenne. Ce chiffre est même encore plus élevé dans les régions tropicales puisque la limite forestière s'est élevée de 3,1m par an en moyenne sur ces secteurs.
Il arrive que cette limite forestière varie en fonction des activités anthropiques, notamment lorsque les terres sont utilisées pour les pâturages mais cette étude s'est déroulée dans des secteurs préservés de l'action humaine. Ainsi, les scientifiques ont estimés que cette élévation de la ligne d'arbre en montagne était directement liée au réchauffement climatique et que celle-ci s'accélérait inexorablement depuis la fin du 20ème siècle. Entre 2000 et 2010, 70% des limites forestières des montagnes se sont par exemple élevées dans le monde entier, un chiffre particulièrement important et même inquiétant.
Cette élévation serait notamment causé par l'augmentation des températures, qui favorisent le développement de certaines espèces d'arbres même en haute altitude. Pourtant, même si les arbres sont connus pour leur capacité d'absorption du CO2 et que l'élargissement de l'espace forestier en altitude semblerait être une bonne nouvelle pour le développement de la faune et de la flore, il n'en est toutefois rien.
Un risque pour les espèces endémiques
Les limites forestières font office de zone de transition entre les forêts et la végétation alpine. Aussi appelée toundra alpine, cette zone de végétation de haute altitude est totalement dépourvue d'arbres, ce qui laisse la place à bon nombre d'espèces endémiques, tant végétales qu'animales. Or, l'élargissement de l'espace forestier pourrait mettre en péril certaines de ces espèces, celles-ci voyant une modification progressive de leur milieu.
En effet, celles-ci pourraient être repoussées également à plus haute altitude, ce qui pourrait devenir problématique sur certains reliefs relativement « bas » où la forêt pourrait à terme dominer jusqu'aux sommets, supprimant donc les lieux d'épanouissement de certaines espèces. Si les arbres pourraient donc se multiplier, ceux-ci le feraient au détriment de la faune et la flore locale en fonction des régions.
Le risque pour les espèces endémiques n'est toutefois pas le seul inconvénient de cet élargissement des milieux forestiers. La toundra regorge de milieux humides, ruisseaux, lacs et rivières, qui sont tous indispensables pour la nature mais également pour de nombreuses populations du monde entier. Or, qui dit plus d'arbres, dit plus de d'eau puisée en surface ainsi qu'en profondeur, ce qui pourrait devenir problématique sur le long terme.
L'extension de la limite forestière en altitude n'est donc pas une bonne nouvelle pour les raisons évoquées précédemment et il conviendra de surveiller l'évolution de cette tendance dans les prochaines années. De plus, il pourrait encore exister de nombreuses autres conséquences qui n'ont pas encore été découvertes, le phénomène n'ayant pas été observé de façon aussi rapide et étendue durant notre histoire.