Comment le climat influence le monde des énergies renouvelables ?
Le premier rapport conjoint de l'IRENA et de l'OMM publié récemment analyse l'impact de la variabilité climatique sur les énergies renouvelables et la demande énergétique mondiale.
L'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) et l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) ont uni leurs forces pour publier un rapport novateur qui explore la complexe relation entre les ressources énergétiques renouvelables (ER) et la variabilité climatique. Ce rapport vise à éclairer les politiques énergétiques mondiales et à encourager l'accélération vers l'utilisation des sources d'énergies propres et durables.
Approche adoptée
L'étude s'appuie sur une évaluation des changements de quatre indicateurs énergétiques en 2022 par rapport à la moyenne standard sur 30 ans, de 1991 à 2020. Ce sont des indicateurs respectivement associés à l'énergie éolienne, à l'énergie solaire photovoltaïque, à l'énergie hydraulique, et à la demande énergétique.
L'analyse cherche à mettre en évidence les particularités interannuelles spécifiques à 2022 par rapport aux conditions moyennes. Elle se concentre principalement sur la mesure de l'anomalie en pourcentage pour cette période.
Montée en puissance des projets d'énergies renouvelables
Une conclusion clé du rapport souligne que les énergies renouvelables commencent à occuper désormais une position importante dans le mix énergétique. En 2022, 83% des nouvelles capacités étaient issues des sources renouvelables, principalement dominées par l'énergie solaire et éolienne. Cette tendance à la hausse revêt une importance cruciale dans la perspective de parvenir à des systèmes énergétiques décarbonés d'ici à 2050, entraînant ainsi une diminution significative de la consommation de combustibles fossiles.
La croissance de la puissance totale installée des énergies renouvelables au niveau mondial a également été mise en évidence. Selon le rapport, environ 30% de l'électricité mondiale est produite à partir de sources renouvelables, grâce à un déploiement rapide au cours de la dernière décennie. Ces chiffres apportent une lueur d'espoir et d'optimisme dans le contexte mondial de transition énergétique.
Cependant, le rapport souligne la nécessité d'actions plus décisives pour accélérer la transition énergétique et réduire davantage les émissions de gaz à effet de serre du secteur énergétique. Pour atteindre les objectifs climatiques ambitieux de l'Accord de Paris, la capacité mondiale en énergies renouvelables doit être triplée d'ici 2030, accompagnée d'une amélioration double du taux d'efficacité énergétique. Ce nouveau défi est marqué dans le texte final adopté à la COP28 relatif à la "sortie progressive" des énergies fossiles.
Impact déterminant des facteurs climatiques sur l'ER
Les ressources telles que le solaire, l'éolien et l'hydraulique sont impactées par les facteurs climatiques. Par conséquent, il devient essentiel de comprendre les effets de la variabilité climatique sur la génération d'énergie renouvelable, tout en reconnaissant l'impact du changement climatique sur la demande énergétique, en particulier en ce qui concerne le chauffage et la climatisation.
L'analyse de l'année 2022 comparée aux données climatologiques sur 30 ans offre des perspectives précieuses sur les effets de la variabilité et du changement climatique sur certaines technologies et sur la demande énergétique. Les quatre indicateurs énergétiques évalués montrent des changements significatifs en raison des effets de la variabilité climatique, bien que la nature de ces changements varie en fonction de la technologie et du pays.
Améliorer la compréhension des interactions climat-énergies renouvelables
Pour renforcer la résilience et l'efficacité des systèmes énergétiques, il est impératif d'améliorer notre compréhension des conducteurs climatiques et de leurs interactions avec les ressources renouvelables. Les principaux conducteurs climatiques, tels que l'Oscillation Australe El Niño (ENSO), doivent être pris en compte, car ils expliquent une grande partie de la variabilité observée.
Prioriser l'intégration de la variabilité climatique, en plus du changement climatique, est essentiel pour optimiser l'exploitation, la gestion et la planification des ressources énergétiques. Cela pourrait conduire à la mise en place de systèmes d'alerte précoce, améliorant ainsi la gestion de la charge énergétique, des ressources et de la maintenance. En outre, cela pourrait également guider la modernisation et l'expansion des infrastructures énergétiques, favorisant l'innovation à travers les technologies, les marchés et les politiques.
Il est important d'ajuster les marchés pour qu'ils soient flexibles pendant la transition des systèmes énergétiques centralisés vers des systèmes décentralisés. Cela signifie qu'il faut mettre en place des organisations qui peuvent tirer le meilleur parti des ressources renouvelables et utiliser ces ressources de manière efficace.
Priorité aux pays en développement
Les pays en développement, notamment en Afrique où l'accès à l'énergie constitue encore un énorme challenge, peuvent tirer parti des connaissances sur la variabilité climatique pour exploiter leur potentiel renouvelable.
Actuellement, l'Afrique contribue seulement à 2% de la capacité mondiale malgré ses immenses potentiels. Investir dans les énergies renouvelables est fondamental pour soutenir le développement et l'industrialisation du continent.
Ce rapport conjoint offre une vision approfondit de l'état actuel des énergies renouvelables à l'échelle mondiale, mettant en lumière leur rôle crucial dans la transition énergétique, et soulignant la nécessité d'intégrer la variabilité dans la planification énergétique.
Bien que les données offrent une perspective positive, il est urgent d'agir de manière coordonnée pour transformer ces informations en actions concrètes. La transition vers un avenir énergétique plus propre et durable dépend de notre capacité à comprendre et à naviguer avec succès à travers les défis de la variabilité climatique.