Climat : vers une montée inquiétante du niveau de la mer
Selon une étude conjointe d’une centaine de scientifiques, le niveau des mers et des océans pourrait monter de plus d’un mètre d’ici à la fin du siècle si les émissions de gaz à effet de serre ne baissent pas significativement.
On sait depuis longtemps que le changement climatique a un impact sur le niveau des océans, mais cet impact était encore difficilement perceptible et prévisible.
Une étude menée par l’Université technologique de Nanyang (Singapour), publié dans la revue internationale NatureResearch le 8 mai dernier, vient préciser ces effets. Si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas largement ces prochaines années, la question de la montée du niveau des océans deviendra vitale pour de nombreux territoires.
Différents scénarios
L’étude menée par le professeur Benjamin Horton, directeur de l’École Asiatique de l’Environnement de l’Université de Nanyang, part de deux scénarios largement connus dans le cadre des études sur le changement climatique.
Un scénario dit « optimiste », dans lequel l’augmentation de la température globale d’ici la fin du siècle se limiterait à +2°C par rapport à la période pré-industrielle (scénario RCP 2.6) ; et un scénario dit « pessimiste », dans lequel l’augmentation de la température globale d’ici à 2100 atteindrait +4.5°C (RCP 8.5).
La véracité de ces scénarios dépendra en grande partie des émissions de gaz à effet de serre que les activités humaines dégageront dans les années à venir. Si nos émissions restent contenues, comme le prévoit l’Accord de Paris, on se rapprochera du scénario « optimiste », dans le cas contraire, on se rapprochera du scénario « pessimiste ».
Des résultats inquiétants
Les calculs menés par cette cohorte d’experts ont de quoi inquiéter en cas de non respect de l’Accord de Paris. Pour le scénario RCP 2.6 dit « optimiste », le niveau des mers et des océans pourrait monter de 30 à 65 cm d’ici 2100, et de 54 cm à 2 m d’ici 2300. Un scénario qui aurait déjà des conséquences pour les territoires en bord de mer.
En cas de poursuite des émissions de gaz à effet de serre, et donc de la survenue du scénario dit « pessimiste », le niveau des océans augmenterait de 0.6 m à 1.3 m en 2100, puis de 1.7 à 5.6 m en 2300, soit des niveaux tout à fait catastrophiques.
Les fourchettes prévues peuvent paraître larges, mais les sources d’incertitudes restent grandes, notamment pour des prévisions à plus de 200 ans. Le comportement des calottes glacières est notamment très difficile à calculer pour les scientifiques. Or, ces réservoirs potentiels en eau sont un moteur essentiel de l’élévation du niveau des mers.
Anticiper maintenant pour éviter le pire
La forte différence présentée entre le scénario « optimiste » et le « pessimiste » est plutôt une bonne nouvelle pour la co-auteur de l’étude, Andra Garner, professeure de sciences de l’environnement à l’Université Rowan (États-Unis) :
« Il y a des différences marquées entre les prévisions qui envisagent de faibles émissions et celles qui considèrent des émissions plus élevées. Cela donne de l’espoir pour l’avenir, ainsi qu’une forte motivation pour agir maintenant pour éviter les impacts les plus graves ».
De plus, ces élévations très importantes prévues par les modèles doit pousser les décideurs à anticiper dès maintenant, pour éviter de se trouver au dépourvu si le pire devait effectivement se produire. En effet, des millions d'habitants habitent aujourd'hui dans des zones littorales exposées.
Il va sans dire qu’un effort continuel pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre doit se poursuivre. Une élévation du niveau des océans est inévitable, mais l’ampleur final de cette hausse sera déterminée par nos efforts dans les années à venir.