Climat : vers un réchauffement pire que prévu en France
Des chercheurs ont appliqué une nouvelle méthodologie pour calculer le réchauffement climatique en France d'ici 2100. Les résultats montrent une hausse des températures pire que prévue initialement.
Cette nouvelle étude intervient dans un moment où le réchauffement climatique ne cesse de faire parler de lui, notamment après cet été 2022 caniculaire et alors que les températures battent encore des records de douceur, alors que nous sommes pourtant à la mi-octobre...
Des chercheurs du CNRS et de Météo-France ont appliqué la méthode utilisée par le GIEC pour estimer le réchauffement climatique sur notre seul pays. Les résultats montrent une évolution sensiblement à la hausse des températures attendues ces prochaines décennies sur l'hexagone... Explications.
Un zoom précis et inédit sur la France
L'étude a été publiée le 4 octobre dernier par des chercheurs du CNRS, de Météo-France et du Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique (CERFACS). L'idée des chercheurs était d'actualiser les projections climatiques sur la France et de calculer le réchauffement passé.
Pour ce faire, les scientifiques ont employé une méthodologie nouvelle, utilisée par le GIEC dans son sixième rapport paru en 2021. Cette méthodologie comprend l'analyse des données climatiques passées pour projeter le futur. Autrement dit, les chercheurs ont sélectionné les seuls modèles qui avaient déjà bien anticipé les évolutions passées, pour avoir des résultats plus robustes sur le futur.
L'autre évolution consiste à faire un zoom uniquement sur la France, en conduisant l'analyse sur une trentaine de stations météorologiques réparties sur l'hexagone et dont les séries de données sont relativement longues et homogènes. Les rapports du GIEC par exemple restent plutôt à l'échelle d'un continent ou d'un grand bassin de vie.
Des étés en moyenne 5°C plus chauds !
Concernant l'évolution passée, les chercheurs ont conclu que le réchauffement déjà observé en France (+1,7°C par rapport à 1900-1930) était supérieur à celui observé sur l'ensemble du globe (+1,2°C selon le GIEC). Ce chiffre s'explique par le fait que les continents se réchauffent plus vite que les océans (qui sont compris dans le chiffre du réchauffement à l'échelle planétaire).
Concernant les évolutions futures, les chiffres sont plutôt inquiétants et ont été nettement revu à la hausse par rapport aux dernières estimations. Avec un scénario d'émission de gaz à effet de serre dit "intermédiaire" ou "médian", un réchauffement de +3,8°C semble plausible en France d'ici 2100.
Les étés pourraient être en moyenne +5°C plus chauds par rapport aux étés des années 1900-1930. A titre de comparaison, l'été 2022 était par exemple 4°C plus chaud que la normale. Les étés des prochaines décennies seront donc tout aussi caniculaires dans l'ensemble.
En cas de scénario "élevé" d'émissions de gaz à effet de serre, l'augmentation des températures serait encore plus drastique, de l'ordre de +7°C en moyenne, une élévation totalement catastrophique pour les écosystèmes.
Ces résultats peu réjouissants appellent une fois de plus à la nécessité de baisser rapidement nos émissions de gaz à effet de serre pour limiter l'ampleur du réchauffement, et à d'ores-et-déjà s'adapter au mieux possible dans nos territoires pour être plus résilient face aux aléas climatiques.