Climat : le déclin des manchots pourrait accélérer le changement climatique
Selon une récente étude, la diminution des populations de manchots à jugulaires en Antarctique pourrait avoir un impact sur le cycle du carbone, avec pour conséquence l'aggravation et l'accélération du réchauffement climatique.
Une étude publiée le 11 avril dernier dans la revue Nature Communications met en exergue l'importance des manchots dans l'écosystème marin de l'Antarctique et souligne la nécessité de mieux comprendre leur cycle de vie pour améliorer leur conservation.
En effet, selon les scientifiques, la diminution des populations de manchots à jugulaires pourrait, in fine, accélérer le réchauffement climatique en raison de leur rôle central dans le cycle biogéochimique de l'océan Austral. Explications.
Le rôle insoupçonné du manchot
Le manchot à jugulaire (Pygoscelis antarcticus) est une espèce de manchot qui vit en Antarctique et dans les îles environnantes. Il doit son nom à la bande noire qui s'étend de chaque côté de sa tête, rappelant une jugulaire. C'est un manchot de taille moyenne qui se nourrit principalement de krill et de petits poissons.
Les manchots à jugulaire sont une espèce importante dans l'écosystème marin antarctique en raison de leur rôle dans le recyclage du fer, comme l'explique l'étude publiée par des chercheurs de l'Institut des sciences marines d'Andalousie (ICMAN).
Selon eux, les populations de manchots à jugulaire connaissent une diminution significative en raison des changements environnementaux dans l'océan Austral, principalement liés aux effets du changement climatique. Les mécanismes exacts de cette diminution ne sont pas totalement compris, mais il est suggéré que cela pourrait être lié à des changements dans la distribution et la disponibilité de leur principale source de nourriture, le krill.
Les scientifiques expliquent que si cette diminution de la population des manchots continue, elle pourrait avoir un impact sur le recyclage du fer dans l'écosystème marin antarctique, car les manchots à jugulaire permettent, via leurs déjections, de recycler une importante quantité de fer.
Un risque de déséquilibre de l'écosystème
Concrètement, en utilisant des images de drones et des analyses chimiques de leurs excréments, les chercheurs ont estimé que les manchots à jugulaire recyclent environ 521 tonnes de fer par an, soit la moitié de ce qu'ils étaient capables de recycler il y a quatre décennies, car leur population a diminué de plus de 50 % depuis lors.
En outre, avec leur impact sur le recyclage du fer dans l'océan Austral, les manchots contribuent significativement à la stimulation de production de phytoplancton, la base de la chaîne alimentaire. Le phytoplancton absorbe également le dioxyde de carbone lors de la photosynthèse, contribuant ainsi à réduire le niveau de gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
Par conséquent, si les populations de manchots continuent de diminuer, cela pourrait avoir un effet domino sur la chaîne alimentaire marine et la production de phytoplancton, ce qui pourrait potentiellement réduire la capacité de l'océan Austral à absorber le dioxyde de carbone de l'atmosphère. Cela pourrait, à son tour, avoir un impact sur le climat mondial...
“Il s’agit, avec cette recherche, de faire prendre conscience de l’importance écologique de ces oiseaux marins” a conclu l'auteur de l'article, Oleg Belyaev.