Changement climatique : et si la limite de réchauffement à +1,5°C avait été dépassée depuis longtemps ?
Les chercheurs tirent la sonnette d’alarme : de nouvelles méthodes de mesure montrent que nous avons peut-être déjà atteint + 1,5°C de réchauffement climatique.
Une étude explosive tire la sonnette d’alarme dans le monde entier : la barre des 1,5 °C de réchauffement pourrait être déjà dépassée ! C'est ce que dit le Dr. Andrew Jarvis de l'Université de Lancaster et le professeur Piers Forster de l'Université de Leeds dans leurs recherches, publiées aujourd'hui dans la prestigieuse revue Nature Geoscience. Ils ont calculé le réchauffement à partir d’une période véritablement préindustrielle – et non de la révolution industrielle, comme c’était le cas auparavant.
Les objectifs climatiques de Paris pour 2016 prévoient que le réchauffement climatique reste inférieur à 2°C et, au mieux, ne dépasse pas 1,5°C. Cependant, les calculs précédents ne fixaient le point de départ des mesures qu'à partir de 1850, alors que l'industrialisation était déjà en plein essor. C’est exactement ce qui, selon les chercheurs, pourrait être une erreur fatale. Selon les estimations du GIEC, le réchauffement d’origine humaine est actuellement de 1,31°C, mais il existe une grande incertitude : l’augmentation réelle de la température pourrait être aussi faible que 1,60°C.
La température de 1,5°C est-elle dépassée depuis longtemps ?
Jarvis et Forster ont trouvé un moyen surprenant de réduire cette incertitude : ils ont déplacé l'heure de base des mesures de température avant 1700, bien avant les émissions massives de CO₂ de l'humanité. Votre résultat ? Dès 2023, la contribution humaine à long terme au réchauffement climatique était de 1,49°C. Cela signifie que nous aurions pu franchir la barre des 1,5 degrés depuis longtemps - et plus tôt que prévu !
Pour ce faire, les chercheurs ont examiné d’anciennes données sur le CO₂ provenant de carottes de glace remontant à des milliers d’années. Ces « capsules temporelles gelées » fournissent des informations sur la concentration de CO₂ dans l’atmosphère à ce moment-là. Jarvis explique que la température et le CO₂ peuvent être enregistrés sur une seule ligne avec une précision surprenante. C’est une indication de l’ampleur du réchauffement de la Terre dû à l’activité humaine.
Nouvelles mesures, résultats clairs
Jarvis souligne que leur méthode réduit non seulement l'incertitude des estimations de 30 %, mais qu'elle est également plus simple et plus transparente. «Cela facilite la communication des résultats et on n'a plus besoin de modèles climatiques complexes pour évaluer les données actuelles», explique le chercheur. Cette simplification pourrait donner un énorme coup de pouce à la recherche sur le climat, car des données précises et compréhensibles sont cruciales pour demander des comptes aux politiciens.
Mais l’objectif climatique de Paris a-t-il vraiment déjà échoué ? Pas nécessairement, disent les scientifiques. Après tout, un réchauffement de 0,18 °C s’est produit avant le début des records de température, c’est-à-dire avant le véritable début de l’industrialisation. Le message reste néanmoins clair : les efforts déployés jusqu’à présent par de nombreux pays ne sont tout simplement pas assez ambitieux.
Agissez maintenant avant qu'il ne soit trop tard
Le professeur Forster le dit sans ambages : « Des efforts supplémentaires sont nécessaires de toute urgence pour prévenir les pires conséquences climatiques. » L’élan généré autrefois par l’Accord de Paris doit désormais se traduire par des actions concrètes. Car même si la limite des 1,5 degrés est dépassée à un moment donné, il est plus important que jamais d’éviter le pire. Il y a encore de l’espoir, mais seulement si les États agissent dès maintenant de manière cohérente.
Enfin, les chercheurs préviennent que la crise climatique pourrait devenir encore plus complexe à l’avenir. Parce que d’autres gaz à effet de serre, comme le méthane, pourraient jouer un rôle plus important et déclencher des points de bascule climatiques imprévisibles. « Notre méthode nous aide à détecter les changements à un stade précoce », explique Jarvis. Mais une chose est claire : le temps presse – et l’humanité ne peut plus se permettre de nouveaux retards
Source de l'actualité : https://phys.org/news/2024-11-humans-15c-term-global.html