Biodiversité : en quarante ans, un quart des oiseaux européens ont disparu !
Une étude d'une ampleur inédite, publiée ce 15 mai dernier, parvient à établir pour la première fois une hiérarchie des causes du déclin des populations d'oiseaux en Europe. L'utilisation d'engrais et de pesticides arrive en tête, devant le réchauffement climatique.
Cette étude est la plus importante jamais réalisée sur le déclin des populations d'oiseaux en Europe. Elle a été publiée ce lundi 15 mai dans la revue scientifique Pnas (Proceedings of the National Academy of Science). L'étude a été pilotée par l'Université de Montpellier et le CNRS, mais des chercheurs de toute l'Europe ont également contribué.
La conclusion des chercheurs est effarante : en moyenne, chaque année depuis 40 ans, 20 millions d’oiseaux disparaissent en Europe. Soit un total de 800 millions d'oiseaux et un effondrement de 25% de la population totale. L'agriculture intensive, via l'utilisation d'engrais et de pesticides, serait la principale cause de cet effondrement. Explications.
Déclin généralisé des populations d'oiseaux
Sur l'évolution des populations, le chiffre a retenir est donc celui de 25%, correspondant au déclin général de l'abondance des oiseaux en Europe sur une période de 36 ans, allant de 1980 à 2016. L'étude a été réalisée dans 28 pays et a permis d'établir la surveillance d'environ 170 espèces d'oiseaux communes.
Dans le détail, le déclin de la population d'oiseaux n'est pas uniforme pour tous les groupes d'espèces. Les espèces d'oiseaux vivant dans les terres agricoles sont les plus touchées, avec une diminution inquiétante de 56,8 %.
Ils sont suivi par les oiseaux des habitats froids, qui ont subi un déclin de 39,7 % en 36 ans et les oiseaux urbains (27,8%). Les oiseaux des bois ont connu une diminution moins marquée de 17,7 %, de même que les oiseaux des habitats chauds (17,1 %).
Les oiseaux des terres agricoles et les espèces d'oiseaux vivant dans des environnements froids ont montré un déclin généralisé dans la plupart des pays européens. Les tendances varient davantage entre les pays pour les oiseaux des bois et les habitants urbains. Par exemple, l'intensification de l'agriculture et l'urbanisation ont été plus sévères dans l'ouest de l'Europe que dans les pays de l'est.
L'agriculture intensive, 1er facteur responsable
En parallèle, les chercheurs ont utilisé des techniques d'analyse statistique pour étudier les tendances d'évolution des espèces d'oiseaux par rapport à différentes pressions.
L'intensification de l'agriculture a été identifiée comme la principale pression négative. Concrètement, les espèces sont affectées négativement lorsque les terres agricoles sont exploitées de manière intensive avec l'utilisation de nombreux intrants. Cela concerne surtout les oiseaux insectivores (l'utilisation d'engrais et de pesticides fait chuter la population d'insectes qui fait chuter à son tour la population d'oiseaux).
Deuxième facteur identifié, le réchauffement climatique et l'augmentation des températures moyennes. Une augmentation de la température est associée à une baisse de la population d'oiseaux, tandis qu'une diminution de la température est associée à une augmentation de la population.
L'urbanisation croissante est également liée négativement à la tendance d'évolution des espèces. Lorsque les zones urbaines s'étendent, les populations d'oiseaux diminuent par manque d'habitats et de biodiversité.
Enfin, en ce qui concerne les changements dans la couverture forestière, les chercheurs n'ont pas trouvé de lien global positif ou négatif avec les populations d'oiseaux communs.
En résumé, ce texte scientifique met en évidence les pressions qui ont un impact sur les populations d'oiseaux en Europe. L'intensification de l'agriculture, l'urbanisation croissante et l'augmentation des températures ont un effet négatif sur les populations d'oiseaux. Cette meilleure compréhension de ces pressions doit permettre de développer des stratégies de conservation pour préserver les populations d'oiseaux en Europe.