Arctique plus chaud : vers des hivers bientôt très froids et enneigés ?
Ces dernières années, les hivers en Amérique du Nord ont parfois été assez rigoureux. En Eurasie aussi, certaines régions ont connu des hivers froids à répétition. Comment cela s'accorde-t-il avec le réchauffement climatique global ? L'évolution de l'Arctique est-elle "coupable" de ce phénomène ?
Au cours des dernières décennies, les régions intérieures de l'Eurasie et de l'Amérique du Nord ont connu plusieurs hivers froids sans précédent, malgré l'augmentation des températures à la surface du globe. Une explication possible de ces hivers extrêmement froids de plus en plus fréquents est ce que l'on appelle le modèle de continent chaud arctique et froid (WACC), qui reflète l'impact du réchauffement accru de l'Arctique sur les changements de circulation au-dessus des continents environnants. Dans cette étude, des données de réanalyse et des expériences de modélisation ont été analysées avec différentes influences anthropiques.
Au cours des dernières décennies, la région arctique s'est réchauffée environ deux fois plus vite que le reste du globe. Ce phénomène, connu sous le nom d'amplification arctique (AA), est lié à la diminution de la glace de mer et à l'augmentation des températures de l'air de surface et de l'océan dans l'Arctique tout au long de l'année. Parallèlement, les hivers extrêmement froids sont devenus plus fréquents dans les latitudes moyennes, ce qui a donné naissance au phénomène du continent froid arctique chaud (WACC). Le thème du WACC a suscité beaucoup d'attention dans la recherche, car il offre une explication plausible à l'aggravation des extrêmes de froid hivernal.
Impact du réchauffement climatique sur la relation entre l'Arctique et les latitudes moyennes
Compte tenu de la relation historique entre les variations de température dans l'Arctique et les latitudes moyennes sur une base quotidienne, on a cherché à savoir si cette relation persisterait à l'avenir en cas de réchauffement climatique. La présente étude examine si la relation entre les variations quotidiennes de la température dans l'Arctique et les latitudes moyennes changerait dans le cadre du climat plus chaud envisagé par l'Accord de Paris de 2015.
Nous avons utilisé les expériences pour étudier la modification de ce lien entre l'Arctique et les latitudes moyennes. Il apparaît tout d'abord qu'une régression négative raisonnablement constante entre les températures de l'Arctique et celles des latitudes moyennes soutient la tendance récente au réchauffement dans l'Arctique et au refroidissement dans les latitudes moyennes.
Le réchauffement climatique a un impact sur la troposphère
En raison du réchauffement global, l'altitude géopotentielle troposphérique augmente globalement. Les circulations positives et négatives, appelées schémas dipolaires et liées aux schémas continentaux froids, persistent même dans les scénarios de réchauffement de 1,5 et 2 degrés Celsius.
La durée et la fréquence du froid extrême ne changent pas de manière significative dans les scénarios de réchauffement global, bien que l'intensité des épisodes de froid s'atténue. L'existence persistante de schémas de circulation liés au WACC dans le cadre de scénarios de réchauffement suggère donc que la téléconnexion entre l'Arctique et les latitudes moyennes a de fortes chances de perdurer à l'avenir en cas de réchauffement global.
De plus, la fluctuation croissante de la réponse de la température de l'Asie de l'Est à celle de l'Arctique sous l'effet du réchauffement global rend le mécanisme de téléconnexion entre l'Arctique et les latitudes moyennes plus compliqué et sa prévision plus difficile.