Alerte : 425 bombes climatiques à désamorcer !
L'existence de 425 mégaprojets de combustibles fossiles a été révélée par une étude parue en 2022. Actuellement, 294 de ces bombes climatiques sont en exploitation et ont un potentiel d'émission conjoint de 880 GtCO2, dépassant largement le budget carbone restant pour contenir la hausse de la température mondiale sous la barre de 1,5°C.
En 2022, une étude menée par des chercheurs de l'université de Leeds au Royaume Uni, de l'University of British Columbia, au Canada, de la Syracuse University aux USA, et l'ONG Leave it in the Ground (LINGO), basée en Allemagne a révélé l'existence de ce que l'on appelle "bombes à carbones" ou "bombes climatiques. Elle refait surface grâce à l'initiative de deux ONG françaises Data for good et Eclaircies, consistant au lancement d'une nouvelle plateforme totalement opensource "CarbonBombs" le 31 octobre dernier, qui offre toutes les informations nécessaires pour la démocratisation de ce sujet.
Bombe climatique, c'est quoi au juste?
Le concept de "bombe à carbone" ou "bombe climatique" met en lumière les projets qui ont un impact significatif sur le climat en raison de leurs émissions massives de gaz à effet de serre.
Les oléoducs et gazoducs pourraient être considérés comme des bombes climatiques s'ils permettent l'extraction et le transport de pétroles ou de gaz susceptibles de générer plus d'1GtCO2 d'émission.
Qui sont les principaux poseurs de bombes?
La responsabilité de la pose de ces bombes climatiques est partagée entre les Etats, les entreprises, les banques et les assurances.
En effet, les chercheurs ont identifié 454 entreprises qui sont directement impliquées dans ces projets, ou en sont actionnaires. Parmi ces firmes, ils ont répertorié 126 entreprises américaines spécialisées dans le pétrole et le gaz comme ExxonMobil et Chevron, 125 entreprises chinoises principalement impliquées dans l'extraction du charbon, telles que China Energy et China Coal Xinji Energy.
De plus, les Etats qui hébergent ces projets, malgré les discours en faveur du climat par la plupart de leurs dirigeants, approuvent la mise en place de ces bombes sur leurs territoires. Les banques et assurances, quant à elles, jouent également un rôle crucial en finançant le secteur des énergies fossiles.
Les banques utilisent deux principales approches de financement : le financement par projet, qui implique le soutien financier direct à une infrastructure particulière (comme un champ pétrolier ou un terminal gazier), et le financement corporate, qui consiste à financer les entreprises qui développent ces projets.
Où sont localisées toutes ces bombes ?
Ces bombes climatiques sont réparties dans 48 pays du monde. Plus de la moitié de ces projets se concentrent dans 3 pays : la Chine occupe la première place avec 141 bombes carbones, suivie de la Russie avec 40 et des USA avec 28.
Chacun de ces projets a le potentiel de libérer plus d'un milliard de tonne de CO2 dans l'atmosphère une fois les réserves complètement exploitées. La concentration de ces projets dans ces 3 pays met en exergue l'ampleur du défi auquel nous sommes confrontés afin de contenir le changement climatique à un niveau sûr.
Enorme danger pour le climat !
Les bombes climatiques représentent une menace majeur pour le climat. Actuellement, les 294 projets qui sont déjà en exploitation ont un potentiel d'émissions combinées de 880 GtCO2. Cela dépasse largement le budget carbone restant pour l'humanité afin de maintenir le réchauffement global en-dessous de 1,5°C, évalué en 2020 par le GIEC à 500GtCO2.
128 autres bombes carbone sont encore à l'état de projet, ce qui pourrait rajouter 300GtCO2 supplémentaires, une fois qu'elles seront en exploitation. Cela aggraverait d'avantages la crise climatique en épuisant définitivement le budget carbone maximal pour rester sous 2°C estimé à 1150 GtCO2.
Danger réel pour la population et la biodiversité !
Ces bombes ne menacent pas seulement le climat, mais aussi la santé des populations locales. A titre d'exemple, les émissions toxiques des forages de TotalEnergies dans l'exploitation des gisements de gaz naturel liquéfié aux Etats-Unis mettent en danger la santé d'au moins 420.000 personnes, particulièrement, celles vivant à moins de 800 mètres des puits aux Texas et en Louisiane, d'après des études scientifiques.
De nombreuses bombes climatiques sont également situées à proximité de zones protégées, remettant en cause l'engagement de ces multinationales à prendre en compte les enjeux sur la biodiversité. C'est le cas du projet EACOP ou East Africal Crude Oil Pipeline de TotalEnergies en Afrique qui émettrait 34 millions de tonne CO2 par an et menacerait les plus grandes réserves d'eau douce d'Afrique et mettrait en danger l'accès à l'eau et à l'alimentation de plus de 40 millions d'africains.
Oser aller à la source de la crise climatique pour la résoudre !
Les combustibles fossiles, tels que le charbon, le pétrole, le gaz sont responsables de 86% des émissions anthropiques de gaz à effet de serre aux cours des dix dernières années d'après le GIEC.
Il est temps de prendre des mesures drastiques pour s'attaquer à la source de la crise climatique en réduisant considérablement notre dépendance aux combustibles fossiles. Il est impératif et plus qu'urgent de mettre fin à l'exploitation des énergies fossiles à l'échelle internationale, et donc de désamorcer ces bombes à retardement.
A moins d'un mois de la COP28, stopper le déploiement de nouveaux projets d'extraction fossile et fermer progressivement ceux déjà en exploitation est crucial pour la sauvegarde de notre planète. Cette démarche est fondamentale afin de contenir le réchauffement global à 1,5°C, de limiter les dommages irréparables et les conséquences irréversibles du changement climatique.