Températures de l’eau élevées: quelles conséquences faut-il craindre ?
C’est aussi une conséquence des fortes chaleurs de ces dernière semaines : les températures de l’eau sur nos côtes sont largement supérieures aux normales de saison. Si c’est une bonne nouvelle pour les vacanciers, ce n’est pas vraiment le cas pour la faune et la flore, et pas seulement…
Alors que ce mois de mai est le plus chaud jamais enregistré en France mais aussi l’un des plus ensoleillés, les températures de l’eau de mer s’en trouvent boostées, pour le plus grand plaisir de celles et de ceux qui sont partis quelques jours sur les côtes au cours de ce long week-end de l’Ascension. Ainsi, les valeurs sont généralement comprises entre 19 et 22°C en Méditerranée, depuis le Roussillon jusqu’au littoral corse, et entre 16 et 18°C dans l’Atlantique, du sud-Finistère aux côtes girondines. Il n’y a qu’en Manche où les températures sont proches des normales, de l’ordre de 13°C en moyenne.
L’écosystème méditerranéen en danger
Avec de telles températures en cette fin mai, il sera ainsi plus facile d’entrer dans l’eau pour ce qui ressemblera possiblement à la première baignade dans l’océan ou la mer. Mais voilà, cette douceur précoce a aussi des conséquences sur la faune et la flore. En effet, des eaux plus chaudes apportent des espèces invasives, à l’image du poisson-lapin, un poisson tropical qui a totalement bouleversé l’écosystème des côtes grecques. Si la Méditerranée orientale est frappée de plein fouet par une hausse de la température de l’eau, l’ouest du bassin connaît également des valeurs de plus en plus élevées favorables aux nouvelles espèces tropicales.
Celles-ci sont particulièrement dangereuses, s’attaquant aux algues et aux herbiers qui sont pourtant des ressources essentielles pour les espèces locales à qui elles apportent notamment de l’oxygène. Autre conséquence concrète d’une eau plus chaude que la normale : la prolifération des méduses. Si l’été est propice à une explosion du nombre de méduses, elles arrivent plus tôt cette année avec le temps chaud et ensoleillé présent depuis plusieurs semaines. Ainsi, plusieurs invasions ont d’ores et déjà été constatées, notamment sur le littoral du Roussillon, de l’Aude aux Pyrénées-Orientales, ou encore sur la Côte d’Opale.
Des conditions propices aux cyclones et aux medicanes ?
D’un point de vue météorologique, si ces températures demeuraient élevées jusqu’à l’automne, elles pourraient également avoir des conséquences avec alors, des conditions propices à la formation d’ouragans méditerranéens. Il s’agit des fameux "medicanes" dont leur nom vient de la contraction de "Mediterranean" (Méditerranée) et de "Hurricane" (Ouragan). Ils se forment ainsi en Méditerranée où la température de l’eau dépasse ponctuellement les 25°C et possèdent des caractéristiques équivalentes aux cyclones tropicaux. Ils peuvent alors générer des vents extrêmement violents, de très fortes vagues et des inondations.
La France a d’ailleurs déjà connu ce phénomène par le passé, le dernier datant du 7 novembre 2011. Il avait alors touché le littoral du Var et des Alpes-Maritimes. Il était tombé 250 mm de pluie en moins de 48h à Bormes-les-Mimosas. Les rafales de vent avaient par ailleurs atteint 157 km/h à Saint-Raphaël et 154 km/h à Hyères. Fin octobre 2021, le medicane Apollo avait touché la Sicile tandis qu’un an plus tôt, c’est la Grèce qui avait été frappé par Ianos, tuant à son passage 4 personnes.
Outre ces ouragans en Méditerranée, des cyclones peuvent également s’approcher très près de l’Europe. Après s’être formés près de l’Equateur, certains parviennent à remonter en direction des Açores puis du Vieux-Continent, si la température de l’eau est suffisamment élevée. Ce risque pourrait ainsi exister à la fin de l’été, à l’image des années 2018 avec Leslie ayant touché l’Espagne et le Portugal (jusqu’à 176 km/h relevés) ou encore en 2017 avec Ophelia et ses vents à plus de 150 km/h balayant l’Irlande.