Incendies en Californie : les vents violents attisent les flammes
Les pompiers continuent de lutter contre des feux impressionnants, les plus destructeurs de l'histoire de la Californie. Le vent de Santa Ana, très sec et très violent, est en partie responsable de sa rapide et violente propagation. Explications.
C’est l’incendie le plus meurtrier de l’histoire de la Californie depuis 85 ans. Le premier foyer, baptisé "Camp Fire", s'est étendu au nord de Sacramento jusqu'à brûler au moins 72 000 hectares, plus de 6 000 bâtiments et fait au moins 71 morts, un bilan beaucoup plus lourd que le "Griffith Park Fire" (29 morts vers Los Angeles en 1933). Dans cette région, la ville de Paradise, où résidaient jusqu'à la semaine dernière 26 000 personnes, a été littéralement détruite. Le second foyer, situé près de Los Angeles, "Woolsey Fire", a fait au moins 5 victimes. Les autorités accentuaient leurs efforts pour retrouver la trace de quelque 1276 personnes toujours portées disparues.
Si Donald Trump a pointé la responsabilité des autorités locales en évoquant la mauvaise gestion des forêts et si les enquêtes des shérifs visent sur des poteaux électriques qui seraient tombés juste avant que le feu se déclare, certains citoyens américains pointent un autre responsable : le vent de Santa Ana bien connu dans le sud de la Californie qui a considérablement compliqué le travail des plus de 5 100 pompiers à l'œuvre cette semaine.
Un vent très sec et très puissant
Ces vents violents qui soufflent dans le sud de la Californie viennent du "haut-désert" (désert en montagne) et soufflent en direction de la côte en perdant de leur humidité tout en réchauffant l'air environnant. Ils agissent alors comme un véritable carburant pour ces incendies. Plusieurs conditions sont nécessaires pour que ce vent se développe. Ici, une dépression positionnée sur le Pacifique nord-est permet à un anticyclone d’être fermement ancré sur l'ouest des États-Unis, sur le Nevada plus précisément (état voisin de la Californie).
Dans le mouvement rotatif de cet anticyclone, les vents s’orientent au nord-est et de ce fait l'air froid qui vient des montagnes de la Sierra Nevada s'engouffre vers le sud de la Californie. L'air passe de régions assez élevées en altitude au niveau de la mer et lors de cette descente, il va se comprimer et se réchauffer considérablement (gain de 1°C par 100 m de descente) tout en s'asséchant (similaire à l’effet de foehn dans les Pyrénées par exemple). Simultanément, son humidité relative va s'abaisser et ce vent devient très chaud et très sec.
Dans sa descente, l'air sera contraint de se frayer un passage au travers d'étroits canyons (dont celui de Santa Ana duquel d'où ces vents tirent vraisemblablement leur nom), ce qui provoque un effet venturi : un phénomène d'accélération du mouvement d'un fluide lorsque celui-ci est contraint de suivre un chemin relativement allongé et plus étroit que l'endroit d'où il vient ; Ce vent violent attise les flammes et accélère leur propagation.
Le Santa Ana a soufflé à plus de 100 à 110 km/h sur certaines régions depuis plusieurs jours, attisant les départs de feu sur une végétation desséchée. La situation va évoluer progressivement avec le décalage de l'anticyclone sur la Californie, mettant fin aux épisodes de vents violents sur ces régions. Dans le nord de la Californie, des précipitations pourraient venir en aide aux soldats du feu, mais pas avant la fin de la semaine prochaine
Un climat méditerranéen
Si le vent reste le carburant de ces incendies, la cause principale de sa rapide propagation, les causes du départ de feu sont aussi dû en grande partie aux conditions météorologiques particulières qui favorisent un terrain propice à leur déclenchement. Pour qu'un feu se déclenche, il faut qu'il y ait à la fois un combustible (des arbres, des broussailles...), un carburant (l'air, l'oxygène) et une source de chaleur.
Or l’été très chaud qu’a connu la Californie par son climat méditerranéen comme dans le sud de la France a provoqué une sécheresse importante : une grande partie de l'eau contenue dans les plantes s'est évaporé et chaque brindille, herbe sèche, buisson ou forêt est devenu extrêmement inflammable. De plus, son écosystème, ses gigantesque forêts, ses zones de buissons, d'herbes sèches , avec en outre une urbanisation qui s'étend à la lisière des forêts, en font un terrain propice à des départs de feu meurtriers.
Le réchauffement climatique ne risque pas d’améliorer les choses : la température de la Californie s'est réchauffée de 3°C au XXe siècle et allonge la période propice aux incendies.