Quelles sont ces marques de vêtements très populaires accusées d'être liées à la déforestation au Brésil ?
Après une enquête minutieuse, l'ONG britannique Earthsight vient de révéler que les marques de vêtements populaires Zara et H&M étaient indirectement liées à la déforestation au Brésil, via le coton qu'elles utilisent.
Selon l'ONG britannique Earthsight, qui a mené une enquête documentée et de longue haleine, les géants de la mode populaire Zara et H&M seraient liés à la déforestation illégale au Brésil. Les producteurs de coton chez qui ils s'approvisionnent auraient déjà été condamnés pour ces activités. Que dit concrètement le rapport de l'ONG ? Comment se défendent les marques ?
Un coton "durable", vraiment ?
Earthsight a travaillé à partir d'images satellite, de bons d'expédition de produits, de décisions de justice et d'entretiens anonymes, pour retracer au total le parcours de 816.000 tonnes de coton provenant de SLC Agr ícola et Horita, deux grandes entreprises agro-industrielles de l'Etat de Bahia, à l'Ouest du Brésil, avec qui travaillent l'espagnol Zara et le suédois H&M.
Dans son rapport publié le 11 avril, l'ONG dénonce des activités de déforestation à grande échelle, des accaparements de terres, mais aussi de la corruption et de la violence, exercées dans les plantations de coton par les familles brésiliennes propriétaires et exploitantes. Elles ont déjà été condamnées pour ces motifs, avec notamment des millions de dollars d'amendes pour déforestation illégale.
Le problème, un de plus, c'est que ces activités sont exercées dans la savane du Cerrado, une région réputée pour la richesse de sa biodiversité, à la fois faune et flore.
Quant aux tonnes de coton examinées, celles-ci ont ensuite atterri dans 8 usines textiles d'Asie, là où viennent se fournir directement Zara et H&M pour fabriquer leurs vêtements. Un coton étonnamment certifié comme étant "durable" par l'organisation à but non lucratif Better Cotton.
Des accusations prises "très au sérieux"
Pourtant, Better Cotton est un véritable label, le "système de certification du coton durable le plus connu au monde", reconnaît l'ONG Earthsight. De nombreuses entreprises s'approvisionnent auprès d'agriculteurs certifiés par Better Cotton pour s'assurer que leur coton provient bien d'une source éthique. Un audit indépendant va avoir lieu chez Better Cotton à la suite du rapport. C'est un minimum !
Du côté des marques, la maison-mère de Zara a indiqué prendre ces accusations "très au sérieux", rappelant que Better Cotton interdit dans son cahier des charges l'usurpation des terres et la déforestation. Même réaction chez H&M (l'un des premiers groupes à être passé au coton 100% bio, durable et recyclé), qui ajoute considérer ces révélations comme "très préoccupantes".
Les deux groupes attendent désormais le plus rapidement possible les résultats de l'audit chez Better Cotton tout en restant en dialogue "étroit" avec l'organisation. Soyons honnêtes, c'est une défense à pas de loup...
Il est utile par ailleurs de rappeler qu'un "devoir de vigilance" existe désormais dans l'Union européenne, validé mi-mars par le Conseil européen. Celui-ci impose aux entreprises des obligations pour protéger l'environnement et les droits humains dans leur processus de production. Gageons que Zara et H&M s'en inspirerons à l'avenir...