Vigilance rouge canicule : une vague de chaleur comparable à 2003 ?
Les autorités ont déclenché la vigilance rouge sur 9 départements du bassin parisien, en raison d'un épisode de canicule durable, conjugué au contexte sanitaire. Se dirige-t-on vers un scénario comparable à la catastrophe de 2003 ?
L'épisode s'aggrave. Hier en fin de journée, Météo-France a placé 9 départements en vigilance rouge canicule, la troisième alerte rouge pour ce phénomène de l'histoire, après les deux canicules exceptionnelles de 2019. Sont concernés : l'Eure, la Seine-Maritime, Paris, les Yvelines, l'Essonne, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et le Val-d'Oise.
Le contexte du COVID-19, la pollution à l'ozone, et la typologie très urbanisée des zones touchées ont largement influencé le passage en niveau maximal de vigilance. Météo-France parle même d'un risque de "sur-mortalité" lié à cet épisode. Faut-il craindre alors un remake de la canicule de 2003, qui avait causé près de 20.000 morts ? Éléments de réponse.
Un épisode de canicule intense et durable
La canicule a débuté jeudi, avec des pointes à 38°C dans le sud-ouest et 35°C à Paris. Vendredi, l'épisode s'est largement étendu et est monté en intensité sur une grande partie du pays. Les stations de Météo-France ont relevé jusqu'à 41°C à Brive-la-Gaillarde et Gourdon, 40°C à Châteauroux, Niort, Bordeaux, Albi et Cognac, 39.5°C à Nantes et Angoulême, 38°C à Angers et 37°C à Paris.
De nombreux records mensuels de chaleur ont été battus, et à Nantes et Châteauroux par exemple, il a fait plus chaud hier qu'au plus chaud de la canicule de 2003.
Et ce n'est que le début. Ce samedi après-midi, les plus fortes températures sont attendues sur le bassin parisien, ce qui explique entre autres, le déclenchement de la vigilance rouge canicule. Il est par exemple attendu 40°C localement entre la Seine-et-Marne et l'Yonne, 39°C à Paris, Evreux, Bourges, Vichy et Montélimar, 38°C à Angers, Lyon et Montauban, 36°C à Strasbourg et Bordeaux.
9 départements sont placés en #VigilanceRouge #Canicule.
— Ministère de l'Intérieur (@Interieur_Gouv) August 7, 2020
️ Ne vous exposez pas et protégez vous de la chaleur.
53 autres départements sont en #VigilanceOrange. https://t.co/lo5Z4B5jsH
Dimanche après-midi, on devrait atteindre les 40°C en Champagne, Île-de-France et Bourgogne. La chaleur se maintiendra en perdant un ou deux degrés pour lundi et mardi, mais on restera toujours bien au-dessus des seuils de canicule sur une large partie centrale et est du pays.
La tendance pour mercredi est encore incertaine, mais il est possible que la canicule se maintienne encore un jour dans l'est, avant l'arrivée des orages. Au final, sur le bassin parisien par exemple, cela représente 6 jours non-stop de canicule.
Des nuits suffocantes, de la pollution et... des masques !
En plus des températures maximales extrêmes attendues, les nuits s'annoncent très chaudes, notamment en ville. C'est ce qui a en partie motivé la vigilance rouge déclenchée par les autorités. A Paris par exemple, on pourrait ne pas descendre sous les 25°C au plus fort de l'épisode. Cette situation vaut également pour Lille, Reims ou Lyon.
Sans compter que cet épisode de canicule se conjugue également avec un pic de pollution à l'ozone, notamment entre l'ouest de l'Île-de-France et la Haute-Normandie, les deux régions placées en alerte rouge. Ce gaz respiré en grande quantité est toxique et provoque de la toux.
Enfin, cette atmosphère irrespirable se retrouve confrontée à une situation sanitaire qui reste fragile en France, en lien avec la COVID-19. Alors que le port du masque est imposé par endroits, en plus de la chaleur et de la pollution, il sera très difficile de sortir à l'extérieur ce week-end sur le nord de la France.
Néanmoins, le pays est bien mieux préparé aujourd'hui en 2020 contre la canicule, qu'il ne l'était en 2003. En 2003, il n'existait pas de système de vigilance canicule et l'épisode n'avait donc pas été aussi bien anticipé.
De même, la plupart des français sont maintenant habitués aux épisodes caniculaires, et connaissent bien les gestes à respecter en cas de fortes chaleurs. Enfin, la durée de l'épisode caniculaire avait été beaucoup plus important : entre 10 et 15 jours contre 5 à 6 jours cette fois.
La situation défavorable liée à la crise sanitaire cette année incite toutefois à la plus grande prudence.