La France, seul îlot de fraîcheur dans une Europe en surchauffe : comment l'expliquer ?

Alors que pluie et fraîcheur dominent sur la France cette semaine, notre pays connaît l'anomalie négative de températures la plus forte de toute l'Europe, où c'est plutôt la chaleur qui prévaut. Comment expliquer ce phénomène ?

La France subit depuis plusieurs semaines les assauts de l'humidité, s'y ajoute ces derniers jours de mai la fraîcheur. D'ailleurs, malgré un week-end de l'Ascension chaud, il n'est pas impossible que ce mois de mai 2024 termine pile-poil dans les valeurs normales pour la saison, voire très légèrement en-dessous (ce qui serait la première fois depuis janvier 2022 et 27 mois trop doux !).

Plus étonnant, si l'on observe une carte des températures à l'échelle de l'Europe (comme celle de ce jeudi 30 mai), la France est le pays où l'anomalie négative est la plus importante (jusqu'à 5°C sous les normales de saison par endroits), avec une partie des îles britanniques et de l'Ouest de l'Allemagne.

Anomalie de températures Europe jeudi 30 mai 2024
La France est le pays européen où l'anomalie négative des températures est la plus importante, alors qu'une grande partie de l'Europe baigne dans la douceur ou la chaleur...

Un îlot de fraîcheur, alors qu'une grande partie de l'Europe baigne dans la chaleur voire suffoque, ce qui nous place vraiment dans une situation de "malchance météo" assez désagréable.

Le blocage scandinave en cause

Si c'est en France qu'il le fait le plus frais, comparativement aux normales de saison, la Scandinavie connaît des excédents thermiques exceptionnels, +10 à +15°C localement ! Ainsi, le Nord-Ouest de la Norvège a dépassé les 30 degrés dimanche, avec un nouveau record mensuel de 31,1°C à Frosta. Même chaleur dans les pays baltes, avec 29°C relevés mardi après-midi à Riga, en Lettonie.

Le pire est à venir pour la péninsule ibérique, avec ce week-end la barre des 38-40°C qui risque d'être franchie au Sud de l'Espagne et au Sud du Portugal, par exemple en Andalousie. Et ce n'est pas tout : on pourrait aussi citer la Pologne, où Varsovie a atteint le seuil de chaleur (25°C) presque quotidiennement depuis le 20 mai. Alors que se passe-t-il chez nous, dans l'Hexagone ?

Les dépressions, s'isolant en gouttes froides, glissent vers la France, coincées entre l'anticyclone bloqué sur la Scandinavie et l'anticyclone des Açores qui, lui, refuse de nous rendre visite.

Tout cela est une nouvelle fois lié, comme l'instabilité d'ailleurs, aux gouttes froides qui viennent se bloquer sur la France et qui, avec leur air froid en altitude et leurs pluies, limitent la hausse des températures. Faut-il encore comprendre pourquoi elles ont décidé de prendre le chemin de la France depuis plusieurs semaines...

Le responsable, c'est le blocage scandinave : des hautes pressions (autrement dit un anticyclone) centrées sur les pays du Nord de l'Europe, où règne un temps sec et de plus en plus chaud. Le problème, c'est que cet anticyclone est trop loin de nous pour nous influencer.

Les dépressions peuvent donc aisément circuler des îles britanniques vers la France, s'isolant en gouttes froides, coincées entre ces hautes pressions scandinaves et l'anticyclone des Açores, qui malheureusement pour nous reste vissé et bloqué aux Açores. La bonne nouvelle, c'est que ce dernier va enfin nous rendre visite par l'Ouest ce week-end, avec sans doute une légère amélioration...

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