Va-t-on bientôt voir disparaître les coquillages sur les plages ?
C'est une observation que chacun peut faire en vacances sur les plages : les coquillages sont de moins en moins nombreux au fil des années. Principale responsable : l'activité humaine. Quelles solutions existent pour protéger ces coquillages ?
"Le nombre de coquillages sur les plages a connu un déclin important" lors des dernières décennies, notamment en Floride, rapportent des médias américains. La situation n'est pas plus rassurante sur nos plages françaises, et chacun peut aisément l'observer, selon des chercheurs de l'Ifremer.
Des espèces vouées à disparaître ?
Comme pour leurs cousins éloignés les insectes, les coquillages sont en déclin, notamment les bivalves (une classe de mollusques) et les gastéropodes. Et cela ne concerne pas uniquement les espèces vivant sur les plages : celles ayant la roche ou la vase comme habitat sont aussi visées.
Parmi les invertébrés marins les plus touchés par ce déclin, on retrouve les huîtres plates, qui ont pratiquement disparu des côtes européennes. C'est le cas également pour la palourde européenne, mais aussi pour les coques dans certaines régions, l'ormeau, ou encore le pétoncle noir dans la rade de Brest.
Cette baisse de la population de coquillages, qui concerne aussi la grande nacre, emblématique de la Méditerranée, s'est accélérée depuis la seconde moitié du XXe siècle. Principaux responsables : l'industrialisation, qui dégrade leurs habitats et pollue le milieu côtier ; l'utilisation de pesticides ; le réchauffement climatique, qui fragilise certaines espèces habituées à un milieu tempéré.
Le rôle-clé des coquillages
La quasi-disparition de certaines espèces de coquillages est très alarmante : si rien n'est fait, elle pourrait déséquilibrer les écosystèmes et la biodiversité. En effet, les coquillages ont un rôle essentiel dans l'organisation du littoral : ils fixent les sédiments (sels minéraux, calcaire) et participent à la formation de la roche.
Si les fragments de coquilles disparaissent des côtes et ne viennent plus "nourrir" le sable, alors c'est le risque d'érosion qui augmente, et à terme le risque de submersion marine lors des tempêtes.
Enfin, certaines espèces comme les moules ou les palourdes servent de "filtre" : leur fonction principale et de purifier l'eau, parfois jusqu'à 25 litres par jour, en fixant dans leur coquille et dans leur chair toutes les impuretés capturées. Quant aux huîtres plates, elles créent des récifs dans lesquels d'autres espèces viennent habiter.
Quelles solutions ?
Les chercheurs de l'Ifremer ont, sur le modèle de la Grande Barrière de corail en Australie, mis au point une ingénierie écologique sous-marine pour réintroduire dans leur milieu des coquillages en déclin ou disparus : des tests sont en cours pour les huîtres plates dans la baie de Quiberon, notamment. Il s'agit d'installer des supports pour attirer les larves et ainsi recréer un écosystème.
Toutefois, la seule solution viable et efficace serait de supprimer la pression responsable de ce déclin : autrement dit, réduire les activités humaines qui en sont responsables, ou qui par ricochet sont responsables du réchauffement climatique. Enfin, il est toujours utile de rappeler qu'il ne faut évidemment pas ramasser les coquillages sur les plages, car cela fragilise le littoral…