Une petite partie de l'Atlantique se refroidit : comment expliquer ce phénomène qui excite les climatosceptiques ?

C'est une information qui a fait bondir les climatosceptiques en tout genre : une partie de l'océan Atlantique se refroidit rapidement depuis le mois de juin. Quel est ce phénomène ? Cela remet-il vraiment pour autant en question le réchauffement climatique ?

Température océan prétexte thermomètre
Depuis juin, la température moyenne de surface de l'océan Atlantique équatorial a été 0,5 à 1°C plus froide que la normale.

Un "refroidissement inquiétant et rapide" de l'océan Atlantique depuis le mois de juin : cette information a fait les gros titres de certains médias ces derniers jours, tout en réveillant les climatosceptiques de tout poil. Un phénomène bien réel mais limité, qui ne concerne qu'une petite partie de l'océan, et révélé par l'agence américaine NOAA. Séquence explications.

Une anomalie négative de 0,5 à 1°C

Le 14 août dernier, l'océanographe Franz Philip Tuchen, chercheur à l'université de Miami, aux États-Unis, a publié un article sur le site de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA). Celui-ci rappelle d'abord que depuis deux ans, la température de surface de l'océan Atlantique bat sans discontinuer des records de chaleur.

Il ajoute toutefois que depuis le mois de juin, une toute petite partie de l'Atlantique, dans le centre de l'Atlantique équatorial (au large de l'Afrique centrale), connaît, elle, une anomalie négative de sa température de surface, de l'ordre de 0,5 à 1°C de refroidissement par rapport à la moyenne pour cette période de l'année.

Il n'en a pas fallu davantage pour dresser toute l'armée des climatosceptiques sur les réseaux sociaux : "un nouveau bug dans le narratif du réchauffement" pour l'ancien candidat à la présidentielle François Asselineau, ou encore un modèle climatique du GIEC "faux" pour Florian Philippot. Des positions favorisées par certains titres de presse, généralisant cette info à tout l'océan Atlantique...

Pourtant, le "refroidissement" mentionné par Franz Philip Tuchen ne concerne bien qu'une infime partie de l'Atlantique, la zone "équatoriale", ce qui ne remet donc pas du tout en cause le réchauffement global record que connaissent les eaux de la planète depuis 2 ans, ce que confirment d'ailleurs les cartes de la NOAA, où le rouge, synonyme de chaleur marine, domine.

Vers une Niña Atlantique ?

Ce phénomène n'est par ailleurs pas forcément anormal à cette époque de l'année : selon le cycle saisonnier de l'océan, les eaux sont plus chaudes au printemps dans cette zone, et plus fraîches en juillet-août, en raison des vents alizés, qui chassent les eaux chaudes en surface et font remonter les eaux plus froides depuis le fond de l'océan.

Toutefois, sur le modèle des phénomènes El Niño et La Niña à l'échelle du globe, cette langue d'eau froide dans l'Atlantique équatorial devient tous les 3 à 7 ans environ, soit nettement plus froide, soit nettement plus chaude : on parle alors de "Niña atlantique" ou de "Niño atlantique". Si ces conditions plus froides se poursuivent jusqu'à la rentrée, une Niña atlantique pourrait se déclarer.

Alors pourquoi s'inquiéter ? D'abord parce que la transition entre anomalie chaude et anomalie froide a été rapide comme jamais cette année dans l'Atlantique équatorial (après des records de chaleur en février et mars), mais aussi parce que les vents alizés ont faibli : cela aurait donc dû faire augmenter la température de l'eau, et non l'inverse !

Des investigations plus poussées s'avèrent donc nécessaires pour comprendre ce qui est en train de se produire. Ce qui est certain, en revanche, c'est que cela ne remet pas en question le réchauffement sans précédent des mers et des océans de la planète. Ce cas de l'Atlantique équatorial est bien une goutte d'eau fraîche dans un océan qui reste en surchauffe.

Références de l'article :

Refroidissement équatorial de l'Atlantique : ce que signifie vraiment cette étude américaine reprise par les climatosceptiques - HuffPost

Atlantic Niña on the verge of developing. Here's why we should pay attention - NOAA

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