Un ouragan pourrait-il un jour toucher la France ?
Si des restes d'ouragans touchent assez régulièrement notre pays, un cyclone en bonne et due forme pourrait-il un jour frapper les côtes françaises et européennes ?
Les restes de deux ex-ouragans, Kirk et Leslie, ont engendré des pluies diluviennes et des inondations en France ces dernières semaines. Toutefois, à ce jour, aucun véritable ouragan n'a réussi à atteindre notre pays. Ce phénomène sera-t-il bientôt possible ?
La température de l'Atlantique se réchauffe
Les ouragans sont des phénomènes météorologiques particulièrement puissants, engendrant chaque année d'importants dégâts et victimes dans les zones tropicales. Néanmoins, ceux-ci ont besoin de conditions atmosphériques particulières pour se former et se renforcer, et ce n'est pas pour rien que les ouragans, cyclones ou typhons se produisent quasi-exclusivement autour des tropiques.
Une des conditions nécessaires à la formation des ouragans est une température de la surface de l'océan supérieure ou égale à 26°C. Les eaux chaudes fournissent en effet un carburant important au renforcement de ces systèmes tropicaux, leur permettant de se renforcer et de se maintenir sur des distances de plusieurs centaines voire milliers de kilomètres.
De telles températures de surface sont toutefois quasi-exclusivement réservées aux abords des tropiques, du moins en temps normal. Depuis 2023, la température moyenne de surface de l'océan Atlantique Nord a en effet plusieurs fois atteint les 25°C avec des eaux très douces voire assez chaudes se propageant jusqu'à des latitudes élevées, ce qui paraissait impensable il y a encore quelques années.
Ainsi, des eaux de surface de plus en plus chaudes pourraient-elles permettre aux ouragans se formant près des tropiques de se maintenir un jour jusqu'à l'Europe ? Il n'est en effet pas rare que des ex-ouragans viennent s'échouer sur notre continent, toutefois ceux-ci ont à chaque fois perdu leur caractère tropical avant d'atteindre nos côtes jusqu'à aujourd'hui.
D'autres conditions sont nécessaires pour le maintient d'un ouragan jusqu'à l'Europe
La température de l'eau n'est toutefois qu'un paramètre parmi tant d'autres permettant à un ouragan de se renforcer et se maintenir. Pour se former, le phénomène cyclonique a également besoin d'une atmosphère « calme » dans les hautes couches, c'est à dire une absence de cisaillements importants.
En effet, des vents forts en altitude ont pour effet d'empêcher l'ouragan de se renforcer et de gagner en altitude. Avec la présence de cisaillements importants, le phénomène cyclonique ne parvient en effet pas à se maintenir et gagner en intensité, et ce peu importe la température de l'eau.
De ce fait, même si les eaux de l'Atlantique-Nord continuent de se réchauffer d'ici la fin du siècle près de l'Europe, les vents en altitude ne permettront de toute façon pas à un ouragan de résister tel quel jusqu'à notre continent.
Ainsi, il est aujourd'hui impossible qu'un ouragan venu de l'Atlantique frappe l'Europe et la France. Tous les systèmes connus depuis le début des relevés météorologiques se sont rapidement affaiblis avant de nous atteindre, même si certains se sont quand même bien approchés comme Ophelia en 2017 qui avait atteint la catégorie 3 à un peu plus de 500km au large du Portugal, perdant ensuite rapidement ses caractéristiques tropicales en se dirigeant vers l'Irlande.
Ex-ouragan et medicanes : des risques restant importants pour notre pays
Si un ouragan ne pourra donc pas toucher la France, il est important de noter que les restes de ceux-ci entraînent tout de même des conséquences notables sur notre pays. Il est en effet fort probable, selon différents rapports du GIEC, que les ex-ouragans nous atteignant soient davantage chargés de pluie à l'avenir, comme ce fut le cas pour les ex-ouragans Kirk et Leslie ayant touché notre pays au mois d'octobre 2024.
Le réchauffement climatique engendre en effet une augmentation du taux d'humidité atmosphérique moyen, de l'ordre de +7% pour 1°C de réchauffement. Ainsi, ces restes d'ouragans sont aujourd'hui de plus en plus susceptibles de s'accompagner de masses d'air particulièrement humides venues des tropiques, engendrant donc des précipitations intenses et un risque d'inondations accru sur notre pays.
Si ces phénomènes ne sont pas nouveaux, le réchauffement climatique multiplie également leur intensité, tant au niveau des vents qu'au niveau des précipitations diluviennes l'accompagnant. En 2020, le medicane Ianos avait par exemple atteint l'équivalent d'un cyclone de catégorie 2 entre le Sud de l'Italie et la Grèce, engendrant 4 victimes et causant plus de 100 millions d'euros de dégâts sur ces régions.
Ces medicanes se forment exclusivement en Méditerranée, menaçant donc le Sud-Est de la France lors des périodes propices à leur formation, à savoir entre la fin de l'été et l'automne. Il est d'ailleurs déjà arrivé que certains touchent notre pays, comme en novembre 2011 où un medicane avait engendré des vents de plus de 150km/h sur le département du Var, s’accompagnant également de pluies diluviennes et d'inondations sur la Côte d'Azur.