Trésor du San José : à qui appartient-il ?

Le navire espagnole, coulé il y a 3 siècles par les britanniques, renferme un trésor d'une valeur "inestimable" fait d'or, d'argent et de pierres précieuses. 3 pays revendiquent son appartenance : l'Espagne, la Colombie et la Bolivie.

Trésor San José Colombie Espagne
L'emplacement exact de l'épave du San José est tenu secrète par les autorités colombiennes pour éviter les pillages.

Revenons au commencement : dans la nuit du 7 juin 1708, au nord-ouest de la Colombie, près de l'île de Rosario, une bataille se livre sur l'eau. L'un des plus grands navires de l'armée navale espagnole, le San José, affronte une flotte britannique. L'Espagne perd la bataille. Et le vaisseau sombre au fond de l'océan avec, à son bord, un trésor composé d'or, d'argent et de pierres précieuses.

Le San José devait ramener toutes ces richesses depuis les colonies espagnoles en Amérique jusqu'en Espagne, dirigé à cette époque par le roi Philippe V. Durant cette période sévissait la guerre de succession dans le pays (1701 à 1712). Le vaisseau ne rentrera jamais de son expédition. Son trésor restera englouti au fond de la mer des Caraïbes avant d'être localisé 3 siècles plus tard.

Fin 2015, le président colombien de l'époque, Juan Manuel Santos, annonçait avoir la localisation exacte de l'épave, qui repose à près de 600 m de profondeur. Son emplacement exact n'a jamais été révélée. Le gouvernement colombien souhaite garder le secret pour éviter les pillages et protéger le trésor, considéré comme l'une des plus grandes découvertes archéologiques de l'histoire.

Malheureusement, ils sont plusieurs à désirer ces précieuses richesses, qui ont pris encore plus de valeur avec le temps. Une valeur jugée "inestimable" mais tout de même chiffrée à plusieurs milliards de dollars. Et l'actuel gouvernement colombien représenté par le président Gustavo Petro souhaite récupérer la cargaison du galion espagnol pour des raisons scientifiques et culturelles.

Or, l'Espagne revendique la propriété du trésor sur la base d’une convention de l’Unesco dont la Colombie ne fait pas partie. Et pour cause : le San José était d'origine espagnole lors de son naufrage et l'est toujours ! Mais c'est la Colombie qui a découvert l'épave dans ses eaux. Et une communauté d'indigènes boliviens affirment que les richesses du vaisseau provenaient de leurs terres.

Difficile de départager tout ce beau monde. Pour protéger son patrimoine, la Colombie a déclaré que la zone où repose le San José "zone archéologique protégée". Le ministre de la Culture Juan David Correa explique que "c’est la première fois qu’une zone de patrimoine archéologique submergée est déclarée à une telle profondeur (600 m, ndlr), c’est historique en Amérique latine".

Pourquoi cette décision ? Car cette déclaration permet de garantir "la protection du patrimoine par sa préservation à long terme et le développement d’activités de recherche, de conservation et de valorisation", détaille le ministre. Car près de 8 ans après sa découverte, les autorités colombiennes ont prévu de remonter des objets à la surface "sans modifier ou endommager l'épave".

Pour extraire le trésor du San José, la Colombie mise sur un robot capable de descendre à 600 m de profondeur. Coût de l'opération : 4,5 millions de dollars. Les scientifiques souhaitent voir comment ces trouvailles "se comportent en sortant (de l'eau) et de comprendre ce que l'on peut faire". L'extraction ne fait que commencer alors qu'elle était initialement prévue en avril dernier.

Pour rappel, en 2022 l'armée colombienne avait diffusé des images inédites de l'épave après plusieurs missions d'observation. Canons en fonte, pièces de vaisselle en porcelaine, poteries, pièces visiblement en or, et une partie de la proue du navire étaient visibles sur ces images qui relèvent du spectacle pour les amateurs d'archéologie.

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