Tremblement de terre à Taïwan : comment expliquer des dégâts peu étendus pour un séisme aussi puissant ?

Malgré la survenue d'un puissant séisme le 3 avril, les dégâts et le nombre de victimes sont restés relativement peu importants sur l'île. Ceci est notamment à corréler aux nombreux moyens de prévention mis en place par le gouvernement.

Séisme
Le séisme du 3 avril 2024 fut le plus puissant à avoir touché l'île depuis 25 ans !

Le 3 avril 2024, un séisme de magnitude 7,4 a secoué Taïwan, engendrant la mort de 13 personnes et endommageant de nombreux bâtiments. Néanmoins, les dégâts sont restés relativement limités sur l'île par rapport à la puissance du tremblement de terre.

Le plus puissant séisme depuis 25 ans sur l'île

Taïwan se situe dans ce qu'on appelle la « ceinture de feu » du Pacifique, une région entourant cet océan où l'activité volcanique et sismique est intense par rapport au reste du monde. Ainsi, il n'est par rare que la terre tremble dans ce secteur, même si de forts séismes restent heureusement relativement peu fréquents.

Le tremblement de terre s'étant produit à Taïwan au début du mois d'avril a atteint la magnitude de 7,4 sur l'échelle de Richter selon l'USGS. Celui-ci a été ressenti dans toute la région et fut de ce fait le plus violent à toucher l'île depuis 1999 où un séisme de magnitude 7,7 avait engendré la mort de 2400 personnes, l'une des catastrophes naturelles les plus meurtrières de l'histoire de Taïwan.

Même si ce tremblement de terre a lui aussi causé des victimes, le bilan humain est resté relativement « faible » comparé à son intensité, puisque 13 personnes ont perdu la vie des suites de celui-ci. En comparaison, le séisme ayant secoué la Turquie et la Syrie le 6 février 2023, d'une magnitude de 7,8, avait engendré près de 60 000 morts et détruit plus de 39 000 bâtiments. En septembre dernier, un séisme de magnitude 6,8 avait quant à lui provoqué la mort de 6000 personnes et endommagé 60 000 habitations au Maroc.

Le nombre de victimes et les dégâts associés au séisme de Taïwan de ce début avril 2024 semblent donc peu importants par rapport à d'autres cas s'étant produits dans un passé récent. Selon les experts, les règles de construction et la rigueur avec laquelle elles sont appliquées à Taïwan sont parmi les facteurs les plus importants expliquant cette différence.

De nombreux facteurs permettant de limiter l'impact des séismes

L'un des dangers les plus importants des séismes est notamment l'effondrement des bâtiments dans lesquels les habitants se retrouvent le plus souvent piégés. En 1999, le tremblement de terre avait par exemple détruit plus de 50 000 bâtiments sur l'île et en a gravement endommagé tout autant selon le Centre national de recherche sur l'ingénierie sismique de Taïwan (NCREE).

Depuis, le gouvernement a mis à jour sa réglementation sur la construction afin d'adopter des innovations permettant aux bâtiments de résister aux tremblements de terre, leur permettant notamment d'osciller plus facilement lorsque le sol bouge. Ces normes sismiques ont joué un rôle très important dans les dégâts assez limités provoqués par ce séisme du 3 avril 2024.

Selon le NCREE, si seulement 80 bâtiments étaient adaptés au risque sismique à Taïwan en 2009, ce nombre s'élevait à plus de 1000 en 2022.

De plus, le gouvernement a exigé le renforcement des bâtiments plus anciens, construits avant la nouvelle réglementation, qui sont le plus souvent ceux le plus soumis au risque d'effondrement. Ce renforcement est d'ailleurs devenu une priorité ces dernières années suite à la première compagne électorale de la présidente sortante Tsai Ing-wen.

Enfin, il est important de noter que Taïwan a mis en place un système d'alerte sismique très avancé, permettant de prévenir la population en quelques secondes en cas de secousses majeures, des secondes qui peuvent s'avérer très importantes pour pouvoir se mettre en sécurité rapidement. Ce système d'alerte, inspiré du modèle japonais a été amélioré au fil des ans et, intégré aux smartphones, bénéficie d'une connectivité haut débit jusque dans les secteurs les plus isolés.

La préparation aux catastrophes naturelles, faisant intégralement partie de la culture taïwanaise à l'instar du Japon, a donc permis de limiter grandement les conséquences d'un séisme aussi puissant sur la région. Un modèle qui pourrait inspirer d'autres pays pour diminuer l'aspect hautement meurtrier de ce type de catastrophes naturelles imprévisibles.

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