Tempête Boris en Europe Centrale : comment expliquer de telles inondations ? Est-ce possible en France ?
Avec localement plus de 400mm de pluie en 4 jours et des inondations dramatiques, la tempête Boris a battu tous les records en Europe Centrale. Comment expliquer une telle situation ? Un événement comme celui-ci est-il possible en France ?
Des inondations sont toujours en cours en Europe Centrale, notamment en République Tchèque et en Pologne, presqu'une semaine après le passage de la tempête Boris, dont les conséquences ont été dramatiques, avec au moins 23 morts recensés pour le moment et des paysages chamboulés. Les crues ont notamment été accentuées par le relief local accidenté.
Après l'Autriche, la Roumanie, la République Tchèque et la Pologne, les regards se tournent désormais vers la Hongrie, où le fleuve Danube à Budapest voit en ce moment-même arriver l'onde de crue des cours d'eau situés en amont. Comment expliquer l'ampleur de ces inondations ? Un tel phénomène peut-il se produire en France ?
Plus de 400mm de pluie en 4 jours !
Pour comprendre de phénomène, il faut d'abord revenir sur les conditions de formation de Boris. Il s'agit d'une dépression, qui s'est formée de manière très classique sur le golfe de Gênes, lorsque la coulée d'air froid présente sur l'Europe de l'Ouest a atteint le Sud des Alpes jeudi 12 septembre. Le problème, c'est que cette dépression s'est couplée à une goutte froide, dont on connaît les effets.
Ce couple infernal s'est déplacé de manière assez anarchique, non pas dans une direction traditionnelle Ouest/Est, mais dans un sens Sud-Ouest/Nord-Est, en allant se bloquer sur l'Europe Centrale, coincé entre un anticyclone positionné sur la France et d'autres hautes pressions centrées sur la Russie. Ce blocage de Boris est le premier facteur aggravant qui explique la durée de ces pluies intenses.
En se déplaçant, Boris s'est alimenté en air chaud, via des vents de Sud/Sud-Est, par la mer Méditerranée mais surtout par la mer Noire, deux mers en surchauffe actuellement, avec des températures de l'eau comprises entre 23 et 27°C : cette chaleur, c'est du carburant pour les orages et les fortes pluies, d'où un potentiel d'eau précipitable présente dans les nuages exceptionnellement important.
Les conséquences ont donc été dramatiques : en Autriche, les cumuls de pluie ont localement dépassé en 4 jours les 400mm, soit l'équivalent de 8 mois de pluie à Paris ! Plus dingue encore, il est tombé plus de 200mm d'eau sur une superficie équivalente à plus d'un tiers de la France, comme le montre le tweet ci-dessous ! Sans compter les fortes chutes de neige en montagne...
Si cette situation se produisait en France, ce serait comme si près de la moitié du pays recevait en 3 jours plus de 2 mois de pluie. Une situation jamais vue encore, mais pas improbable !
D'ailleurs, le phénomène Boris, dans une certaine mesure, n'est pas sans rappeler certains épisodes méditerranéens ou cévenols dans le Sud-Est. La configuration atmosphérique aurait très bien pu bloquer Boris en Méditerranée et déverser ses pluies historiques sur la moitié Sud de la France, où les reliefs sont nombreux... Personne n'est à l'abri.
Référence de l'article :
Intempéries exceptionnelles en Europe centrale - Météo-France