Sobriété énergétique : moins de risques de coupures d'électricité cet hiver, vraiment ?
Selon le président de RTE, la France est a priori à l'abri de coupures d'électricité cet hiver, notamment grâce aux efforts de sobriété énergétique des Français, mais pas seulement. Le risque de coupures est-il vraiment moins élevé que l'an dernier, comme il l'affirme ?
Le président du directoire de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, semble assez confiant pour cet hiver : contrairement à l'année dernière où les craintes étaient nombreuses après l'invasion russe de l'Ukraine et le début de la crise énergétique, le risque de coupures d'électricité semble s'éloigner. Est-ce vraiment réaliste ?
Pas de coupures de courant, sauf si...
La situation "se présente mieux que l'hiver dernier", selon Xavier Piechaczyk, interrogé par nos confrères de France Info le 20 septembre dernier. Autrement dit, les coupures d'électricité ne semblent pas à l'ordre du jour cet hiver, notamment grâce aux efforts de sobriété énergétique des Français, qui d'ailleurs avaient déjà limité le risque de coupures l'hiver dernier.
Il justifie également cette bonne nouvelle par la montée en puissance de l'énergie nucléaire (il y aura sans doute moins de réacteurs en maintenance) mais aussi des énergies renouvelables. D'autant plus que le plan de sobriété énergétique au départ lancé par le gouvernement devrait encore se prolonger, le contraire serait en tout cas étonnant...
Les vives inquiétudes quant au risque de coupures de courant l'an dernier sont-elles pour autant totalement effacées cette année ? Pas forcément : le patron de RTE explique malgré tout qu'en cas de "grande vague de froid", ces risques de coupures de courant pourraient réapparaître. La situation météorologique de l'Europe de l'Ouest sera donc à surveiller dès la fin de l'automne, même si la dernière grande vague de froid y remonte à février 2012. Mais qui sait ? Notre météo noue joue parfois des tours...
Une transition énergétique difficile...
L'avenir n'est cependant pas tout rose, d'après le rapport prévisionnel de RTE, selon lequel un ralentissement prolongé de l'économie mondiale et des tensions géopolitiques persistantes pourraient contrarier la mise en œuvre de la transition énergétique, en la rendant "plus difficile et plus coûteuse". Autrement dit, les risques de coupures de courant pourraient réapparaître à plus long-terme...
Trois scénarios existent d'ici à 2035, et le pire d'entre eux prévoit une France souffrant d'une "mondialisation contrariée", avec une "consommation d'électricité plus faible", et surtout des coûts de financements et des coûts d'équipements en hausse pour la transition énergétique (pour un coût complet en hausse de 30 à 60%, jusqu'à 100% pour l'éolien en mer).
Il va donc sans doute falloir dans les prochaines années, pour éviter ce scénario noir, relocaliser une partie de la chaîne de valeur des équipements de la transition énergétique : cela permettra de sécuriser nos approvisionnements, atteindre nos objectifs, et surtout être moins dépendants des autres régions du monde. C'est seulement à partir de là que le risque de coupures d'électricité sera effacé, même en cas de forte demande l'hiver.