Sécheresse précoce et inquiétante : à quand le retour de la pluie ?
Si le soleil qui brille généreusement ce mois-ci fait du bien au moral, l’absence de précipitations inquiète. Le spectre d’une sécheresse intense et durable est ainsi déjà d’actualité. On fait le point sur ces pluies qui se font de plus en plus attendre.
Cela ne vous aura probablement pas échappé : ce mois de février est particulièrement calme avec peu ou pas de précipitations et un ensoleillement important. Après un début d’année au manque de lumière marqué, le ciel dégagé de ces derniers jours est ainsi le bienvenu pour une cure de vitamine D. Malheureusement, du côté de l’humidité des sols, la situation se dégrade déjà. L’absence de perturbations atlantiques depuis plus de trois semaines n’est pas une bonne nouvelle, l’hiver étant la saison où les nappes phréatiques doivent se recharger. Or, après une année 2022 exceptionnellement sèche, voilà que 2023 inquiète de plus en plus, avant-même l’arrivée du printemps…
Vers le mois de février le plus sec jamais observé ?
Cette première quinzaine de février qui s’achève ce mercredi 15 aura connu une situation de blocage anticyclonique, empêchant ainsi les dépressions présentes sur l’Atlantique d’apporter des précipitations sur le pays. Les seules véritables pluies ont été observées, une fois n’est pas coutume, en Méditerranée. Il est notamment tombé 19 mm à Perpignan, 6 mm à Marseille ou encore 5 mm à Nîmes. Sur les 15 premiers jours de février, le cumul moyen national calculé à partir de 30 stations météo représentatives affiche seulement 2,1 mm ! De nombreuses villes telles que Bordeaux, Bourg-Saint-Maurice, Châteauroux, Cognac, Le Mans, Pau, Poitiers ou encore Rennes n’ont pas reçu une seule goutte de pluie dans leur pluviomètre. Pour rappel, la normale nationale en février est légèrement supérieure à 50 mm…
Depuis le début des relevés météo au milieu du XXème siècle, le record de la plus faible pluviométrie en février date de 2012, un mois marqué par une importante vague de froid, avec très précisément 9,95 mm de pluie en moyenne à l’échelle nationale, soit un déficit de l’ordre de -81 % ! Le podium des mois de février les plus secs est complété par 1959 et 1993. Et au regard des dernières tendances pour cette deuxième partie de mois, 2023 pourrait bien monter sur le podium et même prendre possiblement la 1ère place. En effet, en dehors des quelques gouttes de pluie possibles dans la moitié nord entre jeudi et dimanche apportant tout au plus 2 ou 3 mm dans les pluviomètres, la situation de blocage anticyclonique va perdurer jusqu’en fin de mois.
L’espoir d’une amélioration pour le début du printemps
Le flux dominant pourrait changer avec l’arrivée du mois de mars et donc, du printemps météorologique. Les tendances saisonnières récemment mises à jour vont dans ce sens, annonçant un temps plus humide que la normale en mars, sous l’effet d’un régime d’ouest à nord-ouest. Avec des températures proches des normales, ces précipitations se produiraient le plus souvent sous forme de pluie en plaine et de neige en montagne, de quoi rassurer au passage les professionnels des sports d’hiver. Espérons désormais que ce scénario se produise pour ensuite vivre un printemps moins tendu d’un point de vue des ressources en eau. Rappelons toutefois que la fiabilité de ces tendances à très long terme reste assez limitée.
Pour l’heure, s’il s’agit essentiellement d’une sécheresse météorologique en raison du manque de précipitations, des sécheresses agricole et hydrologique pourraient rapidement apparaître. La première devient d’actualité lorsque l'humidité des sols est trop faible pour les cultures or celles-ci en auront besoin pour se développer dès le début du printemps, avec des températures de plus en plus élevées et un soleil plus puissant. Enfin, lorsque les nappes phréatiques, actuellement à des niveaux "modérément bas" de l’Atlantique jusqu’au centre-est, seront à des niveaux plus critiques, la sécheresse hydrologique nécessitera la mise en place de restrictions d’eau. Une menace toute proche pour certains secteurs, les Bouches-du-Rhône et l’Isère viennent d’ailleurs de rejoindre les Pyrénées-Orientales dans la liste des départements (déjà) concernés par des arrêtés préfectoraux…