Sécheresse : les raisons qui expliquent l’inquiétude des spécialistes
Ce n’est pas un fait nouveau : depuis plusieurs semaines, la sécheresse s’installe dans de nombreuses régions. Mais au cours des derniers jours, les spécialistes ont fait part de leur inquiétude en raison de l’intensification et de l’accélération du manque de pluie. Explications.
Il fait beau, il fait chaud… Si certains sont ravis de l’arrivée précoce de l’été, de nombreux professionnels tirent (déjà) la sonnette d’alarme avec des sols de plus en plus secs et la crainte de connaître une sécheresse majeure ces prochaines semaines. Les agriculteurs et les maraîchers scrutent le ciel et les prévisions météo, espérant le retour de la pluie à court ou moyen terme sinon, certaines cultures souffriront. Dans le contexte économique que l’on connaît, la saison estivale s’annonce d’ores et déjà difficile pour les producteurs comme pour les consommateurs.
-35 % de pluie depuis le 1er janvier
Et de 4 ! Après les mois de janvier, de février et de mars, avril a également connu moins de pluie qu’en temps normal. Avec un déficit de l’ordre de -25 % le mois dernier, le manque d’eau depuis le début de l’année atteint désormais -35 % à l’échelle nationale. Dans certaines régions comme dans le nord-ouest, le val de Loire, le Poitou ou en Méditerranée, le manque de précipitations dépasse les -50 % et même jusqu’ -70 % en Provence. Mais le déficit de pluie remonte bien avant le mois de janvier.
Depuis début octobre 2021, une forte anomalie positive de la pression atmosphérique est observée sur les îles britanniques. En clair, la pression est plus souvent anticyclonique que dépressionnaire sur cette partie de l’Europe. Conséquence, le flux zonal qui apporte habituellement les perturbations atlantiques s’est montré très timide, laissant sa place à des périodes anticycloniques à répétition. C’est ce qui explique le fort ensoleillement constaté dans le nord et l’ouest du pays ces derniers mois mais aussi l’installation d’une sécheresse précoce.
Déjà 15 départements en alerte
Selon les dernières données du BRGM, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières, 80 % des nappes phréatiques sont orientées à la baisse depuis le début du mois de mai. Plus de 60 % d’entre elles présentes par ailleurs un niveau bas ou modérément bas, en particulier dans l’ouest, vers le val de Saône et en Méditerranée. C’est ainsi dans ces secteurs que des arrêtés de restrictions d’usage de l’eau ont été pris par les préfets. À ce jour, 15 départements sont concernés, les derniers en date à avoir rejoint la liste étant la Loire-Atlantique et la Vendée.
De plus, avec la première vague de chaleur de la saison qui s’est installée en début de semaine, l’assèchement des sols va s’accélérer, d’autant qu’aucune pluie conséquente n’est à l’ordre du jour. Seuls quelques orages pourront éclater sur les reliefs de la moitié sud et aux abords. Sinon, les cumuls de précipitations resteront nuls, au moins jusqu’en milieu de semaine prochaine. Par ailleurs, les dernières tendances saisonnières établies pour le trimestre juin-juillet-août confirment un temps plus sec et plus chaud que la normale.
C’est en faisant ce constat que les hydrologues se montrent inquiets pour ces prochaines semaines en raison d’une sécheresse forte et précoce installée dans de nombreuses régions, d’un mois de mai chaud et très sec et de tendances pour l’été qui ne vont pas dans le sens d’une amélioration. Les statistiques appuient également leur raisonnement puisque sur les trois débuts d’année plus secs que 2022, deux ont connu des sécheresses majeures au cours de l’été : c’était en 2011, et bien sûr en 1976. L’histoire se répétera-t-elle ?