Sécheresse : l’inquiétude des agriculteurs à l’approche de l’été
Alors que l’été arrive à grands pas, les régions du nord et de l’est voient leur sécheresse de surface s’accentuer, en l’absence de précipitations passées et prévues…
Le printemps 2020 s’achève sous des conditions estivales sur la moitié nord. Pour la première fois, c’est une ville du nord de la France qui décroche la palme de l’ensoleillement sur l'ensemble de la saison printanière. Entre le 1er mars et le 25 mai, le soleil a brillé 729h au Touquet (Pas-de-Calais). Juste derrière, une deuxième ville septentrionale apparaît, Colmar (Haut-Rhin), avec 722h de soleil.
Evidemment, cet ensoleillement exceptionnel sur la moitié nord ne va pas de pair avec des précipitations régulières et abondantes. Les mois d’avril et mai ont été particulièrement secs, et les prévisions d’un été chaud et sec ne sont pas de nature à rassurer les jardiniers et les agriculteurs. Quelle est la situation réelle sur le terrain ? Éléments de réponse.
Un manque de pluie flagrant au nord
S’il a un plu (un peu) au nord durant la première quinzaine de mai, ces précipitations n’ont pas été suffisantes pour faire remonter l’indice de l’humidité des sols sur un grand nombre de régions. Ainsi, de l’Anjou aux Hauts-de-France, et sur les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, et Grand-Est, l’indice de l’humidité des sols est inférieur à la normale.
Cet indice affiche même des taux très bas entre l’ancienne région Nord-Pas-de-Calais et l’Alsace. De fait, en moyenne, les deux départements du Nord et du Pas-de-Calais n’ont reçu que 9 millimètres d’eau sur l’ensemble du mois de mai. A Dunkerque, ce chiffre tombe à 2 millimètres.
Cette sécheresse est principalement une sécheresse de surface, c’est à dire qu’elle affecte l’humidité des sols et les masses d’eau superficielles (les bras d’eau et les rivières notamment). Du côté des eaux souterraines, la situation est pour l'heure moins inquiétante, même si les nappes affichent des niveaux assez bas entre l’Alsace et la vallée du Rhône.
Risque de sécheresse estivale sur la moitié des départements
Cette sécheresse de surface est problématique pour les agriculteurs car elle altère fortement le rendement des récoltes. Or, côté perspectives, les prévisions sont assez moroses.
Premièrement, parce que dans l’immédiat, il n’est pas prévu de pluie sur les régions de l’est et du nord. Des averses ou orages pourraient bien finir par se produire début juin, mais pour l’instant il ne s’agit que d’une perspective lointaine. De plus, le caractère localisé des averses orageuses d'été ne permet pas d’espérer une amélioration généralisée.
Deuxièmement, parce que les prévisions saisonnières pour cet été 2020 font état d’un été chaud et sec à venir. Cette prévision n'a rien d'étonnant dans le contexte de réchauffement climatique que nous connaissons depuis déjà plusieurs années.
Fort de ce constat, le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire a dressé une carte des départements dans lesquels une sécheresse était probable durant la saison estivale. 53 départements sont classés comme potentiellement à risque, quasi-exclusivement des départements de l’est de la France, notamment autour de la vallée du Rhône, de la Saône, et de la plaine d’Alsace. Certaines préfectures ont d’ailleurs déjà déclenché des mesures de restriction des usages de l’eau.