Sécheresse hivernale : records de faible pluie, déjà des restrictions d’eau
Si le mois de février s’est terminé sous la pluie en Corse, le temps est resté toujours aussi sec ailleurs avec des records de faible pluviométrie battus. La sécheresse hivernale inquiète déjà, à tel point que des restrictions d’eau ont été déjà prises.
Avec l’arrivée du printemps météorologique ce 1er mars, une inquiétude est déjà bien présente dans de nombreuses régions : il s’agit de la sécheresse des sols qui atteint des niveaux exceptionnels à la sortie de l’hiver. La raison de cette situation est simple : les précipitations ont été inférieures à la normale une grande partie du dernier trimestre qui correspond à l’hiver météorologique (décembre-janvier-février) avec en point d’orgue, un mois de février durant lequel les perturbations océaniques ont été aux abonnées absentes. Avec 32 jours sans pluie (moins de 1 mm) à l‘échelle nationale, une sécheresse météorologique domine. Désormais, une sécheresse agricole (sécheresse des sols en surface) s’installe tandis qu’une sécheresse hydrologique (nappes phréatiques) est imminente.
Des déficits de pluie atteignant localement 100 % !
Avec un déficit dépassant les -70 % à l’échelle nationale, ce mois de février a battu des records dans certains secteurs où il n’est tombé quasiment aucune goutte de pluie. C’est notamment le cas à Melun, en Seine-et-Marne, avec un total mensuel de 0,0 mm, soit un déficit de 100 % ! Cette valeur détrône les 0,6 mm de février 1959 qui détenait jusqu’à présent la palme du mois de février le plus sec dans cette partie de l’Île-de-France. Le constat est le même à Roissy avec 1,8 mm relevé, battant largement les 7,4 mm de février 2004. La zone où les pluies ont été les plus rares en février (avec moins de 5 mm) s’étend plus largement du Maine au Bassin parisien, en passant par le Perche et une partie de la Beauce.
Plusieurs autres villes ont également battu leur record de faible pluviométrie pour un mois de février avec 1,2 mm à Alençon (Orne), 1,4 mm à Laval (Mayenne), 1,6 mm à Vélizy-Villacoublay (Yvelines) et dans le parc Montsouris (Paris) ou encore 2 mm à Chartres (Eure-et-Loir). Dans ces villes, cela fait désormais plus de 40 jours qu’aucune pluie significative n’est tombée, du jamais vu depuis le début des relevés météo au XIXème siècle. Ce record s’approchera des 50 jours avant de prendre fin d’ici le milieu de semaine prochaine, avec le retour confirmé de conditions dépressionnaires.
Vers un printemps et un été très difficiles…
Si nous ne sommes pas au cœur d’une situation de crise comme nous avons pu en connaître aux printemps et durant les étés précédents, elle mérite d’être suivie attentivement. Cela concerne aussi le niveau des nappes phréatiques qui se reconstituent en automne et en hiver en raison d’une pluviométrie généralement abondante durant ces saisons. Or, avec des précipitations (trop) discrètes, leur recharge est loin d’être optimale à la sortie de l’hiver. D’ailleurs, leurs niveaux sont qualifiés de "très bas" dans une quarantaine de départements, principalement en Bretagne, des Pyrénées au Grand Est et entre la Côte d’Azur et la Corse. Les préfets de l’Ain, du Var, des Bouches-du-Rhône et des Pyrénées-Orientales ont ainsi déjà mis en place des arrêtés de restrictions d’usage de l’eau.
Les prochaines semaines seront donc déterminantes. SI les pluies venaient encore à manquer durant le printemps, nous nous acheminerions alors vers une sécheresse majeure, dépassant celle de 2022 qui était pourtant déjà inédite… En revanche, si les précipitations se montraient abondantes ces prochaines semaines, elles pourraient limiter sensiblement cette sécheresse. Ce n’est malheureusement pas le scénario retenu aujourd’hui. Après une période plus humide la semaine prochaine et peut-être au-delà, la fin du mois de mars et la suite de printemps devraient connaître des situations de blocage anticyclonique à répétition synonymes de manque de pluie chronique…