Sécheresse : déjà des incendies et des restrictions d'eau...
Si les gelées parfois fortes ont été à la une de l'actualité il y a une dizaine de jours, c'est désormais le manque d'eau qui fait parler de lui. La sécheresse et ses conséquences inquiètent déjà alors que les déficits de pluies sont localement importants.
Un mois après le début du printemps calendaire, le constat est sans appel : les terres manquent d'eau. À l'image de ce qui s'était déjà produit l'année dernière, les pluies se sont faites discrètes ces dernières semaines en raison de la présence de conditions anticycloniques qui ont fait barrage aux perturbations atlantiques. Ainsi, depuis le 20 mars dernier, c'est un temps souvent sec et ensoleillé qui a dominé avec à la clé, des cumuls de pluies largement inférieurs à la normale et parfois même dérisoires. Seule la Provence affiche des quantités dans les normes avec une quarantaine de millimètres dans les pluviomètres.
Partout ailleurs, les déficits sont marqués et souvent compris entre -50 et -70 %, atteignant même -90 % dans les plaines du sud-ouest ainsi qu'entre le Poitou, la Touraine et l'Orléanais. Dans la Ville rose par exemple, il n'est tombé que 5 mm de pluie au cours des 30 derniers jours. Le constat est à peu près le même en Côte-d'Or, dans les Vosges ou le vignoble nantais mais aussi sur la pointe bretonne. C'est d'ailleurs sur l'île d'Ouessant où l'un des cumuls les plus faibles est enregistré avec moins de 4 mm, soit un déficit de plus de 95 % sur le dernier mois !
Dans certaines régions, c'est un changement radical de situation qui s'est produit en moins de deux mois. En Nouvelle-Aquitaine et notamment dans le marais poitevin, les inondations étaient marquées en début d'année avec quelque 170 mm de pluie enregistrés sur les six premières semaines quand ce cumul est tombé à seulement 30 mm sur les dix semaines suivantes ou comment passer à des étendues d'eau à perte de vue à des sols secs et déjà craquelés. Autre signe d'une sécheresse déjà installée : les niveaux et débits des cours d'eau sont largement inférieurs à la normale. À Toulouse, la Garonne est ainsi à son 4ème débit le plus bas pour un mois d'avril au cours des 80 dernières années.
L'indice d'humidité des sols est également orienté à la baisse. Alors qu'il se situait à des niveaux records début février, il est désormais situé en moyenne 20 % en dessous de la normale, confirmant le début de l'installation d'une sécheresse de surface dite "agricole". Ainsi, déjà 5 départements sont concernés par des arrêtés de restrictions d'usage de l'eau : il s'agit des Deux-Sèvres, de la Charente-Maritime, de la Charente, du Rhône et de l'Ain quand la Vienne, les Bouches-du-Rhône et l'Hérault ont été placés en phase de vigilance.
Des sols secs mais aussi une végétation en manque d'eau. Les incendies sont malheureusement déjà d'actualité et pas seulement dans le sud-est du pays. En début de mois, plusieurs départs de feux ont ainsi été recensés dans l'Indre, le Lot ou la Gironde. En début de semaine, c'est près de Gruissan, dans l'Aude, où un incendie s'est déclaré, détruisant plusieurs hectares de sous-bois. Il y a une quinzaine de jours, un incendie exceptionnellement violent pour la saison, avait également ravagé plus d'une centaine d'hectares dans le massif de Regagnas, près d'Auriol (Bouches-du-Rhône) et nécessitant l'évacuation d'environ 200 habitants.