Sécheresse dans les Pyrénées-Orientales : le département va-t-il devenir le nouveau désert français ?
Alors que des inondations ont touché de nombreuses régions ces dernières semaines, le bassin méditerranéen demeure désespérément sec. Le Roussillon est encore plus touché avec un indice d’humidité des sols au plus bas et aucune perspective de pluie à long terme.
Si la sécheresse n’est plus d’actualité dans la plupart des départements, quelques-uns continuent de subir le manque de pluie en cette période hivernale. C’est particulièrement le cas de la Lozère, du Gard, de l’Hérault, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales où des arrêtés de restrictions d’usage de l’eau sont d’ailleurs toujours en vigueur. Mais c’est dans ce dernier département que la situation est la plus inquiétante, à tel point que le préfet doit dévoiler "un plan d'action" face à une crise de plus en plus profonde.
Davantage de pluie au Maroc qu’à Perpignan !
La ville qui illustre le plus ce manque de pluie dans le Roussillon est justement la préfecture des Pyrénées-Orientales. La station météo de Perpignan, ouverte il y a près de 100 ans, en 1925, n’a enregistré que 245 mm de précipitations sur toute l’année 2023, soit un déficit d’environ 60 % par rapport à la normale 1991-2020 (578 mm). Le précédent record avait été établi en 1928 avec 326 mm. L’année dernière, il est ainsi tombé moins de pluie qu’à Marrakech où la normale est 279 mm !
Conséquence directe, l’indice d’humidité des sols entre la plaine du Roussillon et le massif des Corbières est au plus bas : jamais un tel niveau n’avait été atteint à cette période de l’année. Alors que nous sommes au cœur de l’hiver et donc de la saison de recharge des nappes phréatiques, les sols sont de plus en plus secs en l’absence de précipitations. Depuis le 1er janvier, il est tombé seulement 13 mm de pluie à Perpignan quand la normale du mois est de 60 mm. Pour toutes ces raisons, les restrictions d’eau demeurent plus que jamais d’actualité dans le département.
Aucune pluie en prévision et pas de neige en montagne
Autre inquiétude dans cette partie du pays : le manque de neige. Si l’enneigement naturel est quasi-nul dans l’est des Pyrénées, la hauteur de neige attend péniblement les 20 cm sur les pistes de la station de Font-Romeu. Cela pose évidemment des problèmes pour les acteurs du tourisme à la montagne, surtout avec les vacances d’hiver qui approchent. Mais cette situation cache également un autre problème à plus long terme : la fonte des neiges. En effet, en l’absence de poudreuse, la fonte sera très limitée au printemps or, elle joue un rôle important à cette période de l’année.
Entre mars et mai, avec la neige qui fond en altitude, les rivières et autres cours d’eau de la région sont alors alimentés, permettant à leur niveau d’augmenter en prévision de la saison estivale. Or, cette année, cette fonte pourrait être quasi-nulle. À plus court terme, les perspectives ne sont pas plus réjouissantes. L’ensemble des modèles sont en accord pour annoncer aucune précipitation dans les Pyrénées-Orientales d’ici le 10 février, au moins…
Si la sécheresse est un phénomène récurrent mais temporaire dans la plupart des régions, elle devient permanente dans ce département. D’où cette question : est-il en train de devenir le nouveau désert français, à l’image de ce que vivent les régions espagnoles proches de la Méditerranée ? Les prochains mois seront déterminants et apporteront certainement une réponse dans ce contexte de réchauffement climatique de plus en plus marqué…