Sécheresse, canicules... la météo va-t-elle faire gonfler les prix ?
Les conditions météo exceptionnelles de cet été en France, notamment la sécheresse, risquent fort de faire grimper les prix des aliments dans les prochains mois...
Cet été 2022 devrait se classer comme le deuxième été le plus chaud jamais enregistré en France depuis le début des relevés météo (après 2003). Les vagues de chaleur à répétition ont aussi côtoyé une sécheresse exceptionnelle, peut-être la plus intense observée en Europe depuis de nombreuses années.
Cette météorologie hors norme a durement frappé les agriculteurs et éleveurs français, dans un contexte international déjà inflationniste. Quelles seront les conséquences pour le prix des aliments dans les prochains mois ? Quels sont les produits qui risquent d'augmenter le plus à la caisse ? On fait le point sur la situation.
L'élevage particulièrement touché
Parmi les secteurs de l'agriculture les plus touchés, l'élevage figure en pôle position. Selon l'AGRESTE (l'organisme de la statistique du ministère de l'Agriculture), la production des prairies depuis le début de l'année est inférieure de 21% à la normale.
Non seulement l'herbe n'a pas poussé, mais elle a également souvent grillé avec les fortes chaleurs à répétition. Situation exceptionnelle, qui a souvent rappelé la sécheresse de 1976, les éleveurs ont dû puiser dans les réserves de fourrages (matière végétale servant à l'alimentation des animaux) dès le mois de juillet, soit environ deux mois en avance.
Les stocks de fourrage pourraient ne pas suffire à passer l'hiver pour certains éleveurs, lesquels seront alors obligés d'en racheter ou obligés de se séparer d'une partie de leur bétail.
Le maïs, qui sert également à l'alimentation des bêtes, va connaître une envolée des coûts en raison de la sécheresse. Cette culture demande beaucoup d'eau et les agriculteurs n'ont pas pu l'irriguer pour respecter les restrictions en vigueur sur la quasi-totalité du pays.
Enfin, les vagues de chaleur ont occasionné une moindre production de lait. Les vaches s'alimentent moins et la production de lait diminue mécaniquement. Au final, tous les aliments liés à l'élevage (lait et viande) risquent donc de connaître une hausse dans les prochains mois.
Une hausse des prix inévitable
Les fruits et légumes ne sont pas en reste. Très gourmande en eau, la culture de la pomme de terre a souffert de la sécheresse cet été. Les producteurs tablent sur 15 à 20% de pertes, soit la pire année depuis 20 ans. Avec une moindre quantité, le prix de la pomme de terre va mécaniquement grimper.
Concernant les fruits, ces derniers devraient être plus petits et plus sucrés que d'habitude, du fait d'une forte exposition au soleil et d'un arrosage limité. A priori, la récolte s'annonce correcte mais les prix ne devraient pas baisser pour autant. Le fort ensoleillement a d'ailleurs profité à la production de tomates, en hausse cette année.
Enfin, dans le secteur viticole, on s'attend à une hausse de la production par rapport à 2021, année marquée par le gel. L'ensoleillement et la chaleur devraient là aussi augmenter la teneur en sucre du raisin. Le manque d'eau pourrait tout de même brûler quelques pieds de vignes, notamment dans le Sud-Ouest.
D'une façon générale, le secteur agricole doit aussi prendre en compte la hausse de plusieurs facteurs exogènes, comme la hausse des prix de l'énergie et de la main d'oeuvre. Cumulés aux facteurs climatiques, il semble inévitable que les prix de la plupart des aliments augmentent à l'automne.